Thierry Fiorile et Matteu Maestracci passent en revue l’année écoulée dans le secteur du cinéma, en soulignant plusieurs de leurs favoris. Ces coups de cœur de nos spécialistes du grand écran coïncident souvent avec l’excellente performance des films français, qui se sont démarqués parmi les meilleures entrées du box-office national, grâce à des œuvres de réalisateurs tels qu’Artus, Pierre Niney ou Gilles Lellouche.
Retrospective d’une Année Exceptionnelle pour le Cinéma Français en 2024
2024 s’est révélée être une année remarquable pour le cinéma français, marquant un retour en force des spectateurs dans les salles obscures. À travers ce regard en arrière sur ces mois passés, nous vous proposons de redécouvrir les films qui ont marqué l’année, que ce soit sur grand écran ou via les services de VOD.
Les prévisions pour 2024 estiment que, à l’instar de l’année précédente, environ 180 millions de billets auront été vendus en France. Cela signifie que la fréquentation des cinémas retrouve des niveaux proches de ceux de 2019, avant que la pandémie de Covid-19 ne bouleverse l’industrie. Fait notable cette année, pour la première fois en dix ans, deux films français se sont hissés au sommet du box-office : « Un p’tit truc en plus » réalisé et joué par Artus, avec 10,8 millions de spectateurs, suivi du « Comte de Monte-Cristo » qui a attiré 9,3 millions de personnes.
Le top 10 est dominé par des productions américaines telles que les nouvelles suites de « Vice-Versa » et « Vaiana », ainsi que le quatrième opus de « Moi, moche et méchant ». Cependant, un autre film français figure à la cinquième place : « L’amour ouf » de Gilles Lellouche, ayant séduit 4,7 millions de cinéphiles.
Vingt Dieux et L’Histoire de Souleymane
« Vingt Dieux », le premier long métrage d’une prometteuse jeune réalisatrice, a su conquérir plus de 200 000 spectateurs en l’espace de deux semaines. Tournée dans le Jura, la maison de l’artiste, cette comédie, bien qu’ancrée dans le monde de la fromagerie et interprétée par des acteurs non-professionnels, offre un charme indéniable. On se prend d’affection pour Totone, cet adolescent maladroit qui se retrouve seul avec sa sœur, avec pour but de décrocher le prix du meilleur comté.
Bien que léger, « Vingt Dieux » soulève des questions substantielles sur la vie rurale, mais avec une approche douce, loin du pathos habituel. Le film respire la joie et s’accompagne de magnifiques paysages. Louise Courvoisier livre ici un western rural à la française, mais avec une portée universelle incontestable.
Un autre triomphe inattendu du cinéma français est « L’Histoire de Souleymane » de Boris Lojkine, qui s’est démarqué avec 514 000 entrées. Ce récit suivant 72 heures dans la vie d’un livreur guinéen à Paris, en quête de régularisation, a touché un large public grâce à sa proximité avec la réalité. En effet, Abou Sangaré, qui incarne Souleymane, a vécu une situation similaire en attendant ses papiers. Le film pourrait d’ailleurs surprendre lors de la cérémonie des Césars.
D’autres œuvres françaises ont laissé leur empreinte cette année, comme les documentaires « Madame Hofmann » de Sébastien Lifshitz et « Une Famille » de Christine Angot. Parmi les fictions corses, mentionnons « Le Royaume » de Julien Colonna, « À son image » de Thierry de Peretti, et « Borgo » de Stéphane Demoustier. On n’oublie pas non plus « Le Roman de Jim » des frères Larrieu, « Miséricorde » d’Alain Guiraudie, et l’œuvre posthume de Sophie Fillières, « Ma vie ma gueule ».
Les Plus Grands Films Internationaux
« Les Graines du figuier sauvage », qui a remporté un prix spécial à Cannes, est une autre œuvre marquante de cette année. Signé par Mohammad Rasoulof, ce film est autant une déclaration politique qu’une prouesse artistique. Tourné clandestinement, il expose la lente dislocation d’une famille en Iran, où le père, juge et partisan du régime, fait face aux questions et inquiétudes de ses filles qui perçoivent la répression via leurs téléphones.
Ce film est une critique cinglante de l’islam radical qui étouffe l’Iran depuis des décennies. Entre réalité et fiction, les images de Rasoulof se conjuguent pour dénoncer un régime oppresseur. Exilé en Allemagne, le réalisateur conserve un humour vif, malgré les conditions qui entourent sa création artistique.
Un autre incontournable de Cannes fut « Anora » de Sean Baker, récompensé par la Palme d’or. Ce film narre l’histoire d’une danseuse et escorte qui s’amourache du fils d’un riche russe. Entre mariage à Las Vegas et poursuites effrénées à Brooklyn, le film est à la fois captivant et émouvant, montrant un progrès continuel chez Baker.
Pour clore cette année riche en émotions, le cinéma international nous a également offert « Furiosa » de George Miller, « The Substance » de Coralie Fargeat, « Juré n°2 » de Clint Eastwood, et le glaçant « La Zone d’intérêt » de Jonathan Glazer, des films qui ont su captiver et marquer les esprits.