Lundi en fin d’après-midi, Emmanuel Macron tiendra une réunion au centre de gestion de crise du ministère de l’Intérieur afin de coordonner les actions de secours et d’approvisionnement indispensables. Bien que le nombre exact de victimes ne puisse pas encore être déterminé, Bruno Garcia, qui dirige un hôtel dans la région, redoute qu’il ne s’agisse de plusieurs centaines, voire de milliers de décès.
À l’horizon, des amas de débris, et le préfet de Mayotte craint des centaines ou même des milliers de morts après le passage dévastateur du cyclone Chido le samedi 14 décembre. L’archipel est plongé dans le chaos : coupures d’électricité, coupures d’eau et interruption des communications laissent les habitants dans l’angoisse, désormais préoccupés par d’éventuels pillages.
« Nous faisons face à des pillages, surtout dans les magasins d’alimentation. On risque bientôt de ne plus avoir suffisamment de produits alimentaires« , alerte Bruno Garcia, chef d’un hôtel situé à Mamoudzou, la capitale de Mayotte. Depuis que le cyclone a frappé, les fréquentes coupures d’électricité et d’eau sont devenues un défi majeur, selon lui. « La chaleur à Mayotte est écrasante, nous devrons organiser des points d’eau avec des bouteilles, qui devraient arriver sous peu, pour apaiser la situation« .
L’angoisse et la fatigue s’emparent des habitants
Le désespoir règne, et beaucoup pressentent un bilan potentiellement dramatique, alors que les ministres démissionnaires de l’Intérieur et des Outre-mer, Bruno Retailleau et François-Noël Buffet, sont attendus lundi 16 décembre à la fin de la matinée. « C’est une expérience cauchemardesque, et on découvre de plus en plus de victimes, des centaines, peut-être même des milliers. Cela démoralise tout le monde, et l’épuisement est généralisé, confie Bruno Garcia, cette épreuve laissera des séquelles pendant plusieurs années« .
« Je pense à tous ceux qui ont tout perdu, qui ont perdu leur famille, qui ont perdu des enfants. Je pense qu’il y a énormément d’enfants qui sont morts dans cette catastrophe et qui n’ont pas pu se sauver ».
Bruno Garcia42mag.fr
Bruno Garcia, en observant les tensions qui montent sur l’île, devient encore plus préoccupé. « C’était prévisible. Environ 60% des habitants sont en situation irrégulière, explique-t-il, Ils n’ont pas accès aux soins, pas de dispositifs de sécurité, ni la possibilité de se nourrir« . Ces personnes, habitant majoritairement dans des quartiers précaires, ont été lourdement frappées par le cyclone. Leurs logements temporaires n’ont pas résisté aux assauts des vents violents. « Ils n’ont plus rien, affirme Bruno Garcia, il va falloir apporter des vivres d’urgence« .
Bien qu’il se considère « chanceux » d’être en vie, Bruno Garcia pense avec empathie aux communautés des bidonvilles, confrontées à une profonde détresse : « Mahorais, Mahoraise, Comoriens, Malgaches, et aussi les personnes venues de métropole, on se trouve tous soudés, bien que ce soit dans la tragédie« . Nombreux sont ceux, à l’image de Bruno Garcia, à espérer que l’arrivée des ministres sera suivie d’annonces concrètes pour venir en aide aux personnes touchées sur l’île.