L’agence de notation Moody’s a abaissé cette semaine la note des sept plus grandes banques françaises – quelques jours seulement après avoir abaissé la note souveraine du pays. Cette décision signale une hausse des coûts d’emprunt pour la France, alourdissant un fardeau de dette de 3 200 milliards d’euros et accentuant la pression sur un gouvernement déjà fragile.
L’ancien Premier ministre Michel Barnier, évincé plus tôt ce mois-ci, a mis en garde contre les tensions budgétaires croissantes dans un ultime effort pour faire adopter un plan budgétaire strict. Il a déclaré que les paiements d’intérêts de la France à eux seuls « s’élèvent à un montant stupéfiant de 60 milliards d’euros » – dépassant les budgets nationaux de la défense ou de l’éducation.
Moody’s a cité la « fragmentation politique » comme l’une des principales raisons de sa décision de dégrader la solvabilité de la France, compliquant encore davantage les efforts visant à stabiliser l’économie.
Ce déclassement rendra les emprunts plus coûteux pour la France.
« C’est un énorme avertissement concernant le fardeau de la dette et les déficits budgétaires », a déclaré Burhan Khadbai, de l’Institut de la dette souveraine, qui fait partie du Forum officiel des institutions monétaires et financières.OMFIF) groupe de réflexion.
Le mois dernier, les obligations d’État françaises se sont négociées pour la première fois au-dessus de celles de la Grèce, reflétant les inquiétudes des investisseurs.
« La France est désormais considérée comme l’une des économies les plus risquées de la zone euro », a ajouté Khadbaï.
L’agence de crédit Fitch a déclaré en octobre que la dette de la France atteindrait 118,5 pour cent du PIB d’ici 2028. Le déficit budgétaire devrait dépasser 6 pour cent, soit le double de la limite de l’Union européenne.
La France commerce et se comporte comme un souverain triple B, comme la Grèce et l’Espagne.
REMARQUE Burhan Khadbai
Le poids de la dette affecte également les régions françaises, notamment Paris et l’Île-de-France, ainsi que les agences comme la CADES, chargées de gérer et de rembourser la dette sociale de la France.
Khabai a qualifié le déclassement de la France d’« avertissement pour tous les pays », faisant des comparaisons avec le « chaos mini-budgétaire » du Royaume-Uni sous Liz Truss il y a deux ans.
« Le Royaume-Uni est encore en train de retrouver sa réputation auprès des investisseurs », a-t-il déclaré à 42mag.fr.
La France se prépare à un jugement économique dans un contexte de troubles politiques et d’une dette record
La tâche ardue du Premier ministre
Le nouveau Premier ministre François Bayrou est désormais confronté au défi de former un gouvernement qui sera confronté au même problème que tous ses prédécesseurs, tout en évoluant dans un Parlement divisé.
L’impasse politique dans laquelle se trouve la France risque d’entraîner son veto à toute réforme budgétaire, tandis que des protestations pourraient éclater contre des mesures impopulaires.
Mais réduire la dette « doit être une priorité », a déclaré Khabai. Il a exhorté Paris à développer une politique budgétaire durable, même si la fragmentation politique rend difficile le consensus.
Les solutions potentielles vont de l’augmentation des impôts à la réduction des programmes sociaux ou à la réduction des grands projets d’infrastructure. La mise en œuvre de réformes viables pourrait améliorer la cote de crédit de la France et alléger les coûts d’emprunt à l’avenir.