Le gouvernement français est confronté mercredi à un vote de censure qui pourrait sonner le glas de l’éphémère administration du Premier ministre Michel Barnier, plongeant le pays dans les eaux inexplorées du chaos politique.
Une impasse entre Barnier et l’opposition sur le budget 2025 – qui a provoqué une certaine nervosité sur les marchés financiers – fait suite à des mois de tensions depuis que l’homme de 73 ans est devenu Premier ministre en septembre.
L’Assemblée nationale doit débattre de deux motions présentées par l’extrême gauche et l’extrême droite dans une confrontation avec Barnier sur la législation controversée sur la sécurité sociale, qu’il a utilisé les pouvoirs exécutifs d’urgence pour faire adopter sans vote.
Le Rassemblement national (RN) d’extrême droite de la triple candidate à la présidentielle Marine Le Pen devrait voter pour la motion présentée par la gauche, ce qui lui donnerait un nombre suffisant pour qu’elle soit adoptée.
Interrogé à la télévision française pour savoir s’il y avait une chance que son gouvernement survive au vote de mercredi, Barnier a répondu : « Je le veux et c’est possible. Cela dépend des députés.
« Je pense qu’il est possible qu’il y ait ce réflexe de responsabilité où – au-delà des différences politiques, des divergences, des contradictions normales dans une démocratie – on se dit qu’il y a un intérêt supérieur. »
Vote de censure
Selon un journal de droite Le Figaro: « Le Pen va plonger la France dans la grande inconnue politique et financière ».
Macron – qui est en visite en Arabie Saoudite – apparaît pour l’instant comme un spectateur de la crise, ce qui amène certaines voix à se demander s’il devrait envisager de démissionner pour sortir de l’impasse.
Les dernières turbulences surviennent après des mois d’instabilité politique dans le pays à la suite des élections législatives anticipées peu concluantes de cet été, convoquées par Macron dans une tentative bâclée d’arrêter la marche de l’extrême droite.
Aucune nouvelle élection ne pourra être convoquée avant un an après les élections législatives, ce qui réduira les options de Macron.
« Nouvelle période » d’incertitude
Barnier a promis d’améliorer la situation budgétaire de la France de 60 milliards d’euros d’ici 2025 dans l’espoir de réduire le déficit du secteur public à 5 % du produit intérieur brut, contre un peu plus de 6 % du PIB cette année.
Il a fait un certain nombre de concessions à l’opposition, notamment en abandonnant le projet d’une politique de remboursement des médicaments sur ordonnance moins généreuse à partir de l’année prochaine.
Mais le Premier ministre n’a pas réussi à gagner du soutien, les commentateurs suggérant que son gouvernement sera tombé d’ici la fin de la semaine.
Cela survient alors que le ministre des Finances, Antoine Armand, a déclaré mardi à la télévision France 2 que les législateurs « porteraient préjudice » au pays en évinçant le gouvernement Barnier.
« Qui en supportera les conséquences ? Les Français en premier lieu », a-t-il déclaré.
Si le gouvernement Barnier tombe, ce serait le premier vote de censure réussi depuis la défaite du gouvernement de Georges Pompidou en 1962, lorsque Charles de Gaulle était président.
La durée de vie du gouvernement Barnier serait également la plus courte de toutes les administrations de la Cinquième République française depuis 1958.
Le pari de Le Pen
Le Pen est entre-temps impliqué dans un procès très médiatisé pour détournement de fonds.
Si elle est reconnue coupable en mars, elle pourrait se voir interdire de participer à la prochaine élection présidentielle française, prévue en 2027.
Il a été suggéré que Le Pen joue un jeu à haut risque et cherche à faire tomber Macron en évinçant Barnier.
Si Macron démissionnait, des élections devraient être déclenchées dans un délai d’un mois, bien avant le verdict de son procès.