Paris (AFP) – La politique française était au point mort jeudi lors d’une visite d’une journée en Pologne du président Emmanuel Macron, qui devrait nommer un nouveau Premier ministre une semaine après le renversement du gouvernement par les députés.
Macron avait promis de nommer un chef de gouvernement remplaçant dans les 48 heures après avoir rencontré les dirigeants des partis mardi dans son bureau de l’Elysée, ont indiqué les participants.
Mais il reste confronté à l’équation politique complexe qui a émergé des élections législatives anticipées de juillet : comment garantir un gouvernement contre les votes de censure dans une chambre basse divisée en trois parties entre une alliance de gauche, des centristes et des conservateurs et le Rassemblement national d’extrême droite ( RN).
La leader des Verts Marine Tondelier a exhorté jeudi Macron à « sortir de sa zone de confort » alors qu’il cherche un nom.
« Le public français a besoin d’un peu d’enthousiasme, d’élan, de vent frais, de nouveauté », a-t-elle déclaré à la télévision France 2.
L’ancien Premier ministre Michel Barnier, dont le gouvernement n’avait le soutien que du camp centriste de Macron et de sa propre famille politique conservatrice, a été renversé la semaine dernière lors d’un vote de confiance sur son budget de réduction des coûts.
Son administration intérimaire a examiné mercredi un projet de loi visant à maintenir le gouvernement allumé sans plan financier formel pour 2025, permettant ainsi la poursuite de la collecte des impôts et des emprunts.
Les législateurs devraient largement soutenir le projet de loi lorsqu’il sera présenté au Parlement lundi.
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« Regardons vers l’avenir »
Dans la recherche d’un nouveau Premier ministre, les enjeux politiques et les personnalités sont en jeu.
Les grands partis invités par Macron mardi, allant des Républicains conservateurs aux Socialistes, Verts et Communistes de gauche, sont profondément en désaccord.
L’une des questions totémiques est de savoir s’il faut maintenir la réforme des retraites de 2023, largement détestée par Macron, qui a augmenté l’âge officiel de la retraite à 64 ans, considérée par les centristes et la droite comme nécessaire pour équilibrer le budget mais critiquée par la gauche comme injuste.
Sur le plan de la personnalité, le premier choix de Macron pour un nouveau Premier ministre, le centriste vétéran François Bayrou, suscite des inquiétudes à gauche comme à droite.
Pour la gauche, il incarnerait une simple « poursuite » de la politique du président jusqu’à présent, a déclaré le leader du Parti socialiste Olivier Faure.
Pendant ce temps, Bayrou est personnellement détesté par l’ancien président Nicolas Sarkozy, toujours influent à droite et réputé avoir l’oreille de Macron.
Parmi les autres prétendants figurent l’ancien ministre de l’Intérieur et Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, le ministre de la Défense en exercice et fidèle à Macron Sébastien Lecornu, ou l’ancien ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.
Mais un nom pourrait encore émerger de l’extérieur du peloton, comme cela s’est produit avec Barnier en septembre.
Ceux qui circulent « sont des noms qui existent depuis des années et qui n’ont pas séduit les Français. C’est le passé. Je veux qu’on regarde vers l’avenir », a déclaré le patron des Verts, Tondelier.
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L’extrême droite « pas mécontente »
Alors que le suspense sur le choix de Macron perdure, des luttes intestines éclatent à gauche sur la question de savoir s’il faut jouer le jeu de la recherche de stabilité ou s’en tenir aux exigences maximalistes.
Une fois qu’un Premier ministre sera nommé, « nous devrons alors avoir une discussion avec celui qui sera nommé », a déclaré le chef du parti socialiste Faure, estimant que la gauche doit « être capable de remporter des victoires pour l’opinion française ».
L’ouverture des socialistes à la coopération a été dénoncée par leur allié nominal Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de la France insoumise (LFI), d’extrême gauche.
« Pas d’accord de coalition ! Pas d’accord pour ne pas voter de défiance ! Revenez à la raison et rentrez à la maison ! » a-t-il insisté mardi.
Les attitudes dures ne sont pas nécessairement gagnantes en voix, avec un peu plus des deux tiers des personnes interrogées dans un sondage Elabe publié mercredi affirmant qu’elles souhaitent que les politiciens parviennent à un accord pour ne pas renverser un nouveau gouvernement.
Mais la confiance dans l’élite est limitée, avec à peu près le même nombre de personnes déclarant ne pas croire que la classe politique puisse parvenir à un accord.
Dans un autre sondage Ifop, Marine Le Pen du RN est créditée de 35 pour cent de soutien au premier tour d’une future élection présidentielle – bien devant tout adversaire probable.
Elle a déclaré qu’elle n’était « pas mécontente » que son parti d’extrême droite ait été exclu des marchandages autour de la formation du gouvernement, semblant pour l’instant profiter du chaos plutôt que d’être blâmé pour avoir fait passer le vote de censure de la semaine dernière. .