Mardi, le système judiciaire argentin a choisi de répondre favorablement à la requête visant à classer sans suite l’accusation de viol aggravé portée contre les deux rugbymen français, Hugo Auradou et Oscar Jegou.
L’affaire perdure depuis plus de cinq mois. Deux internationaux de l’équipe de France de rugby, Oscar Jegou et Hugo Auradou, ont été accusés de viol en Argentine pendant une tournée des Bleus. Après des semaines d’investigation, le mardi 10 décembre, la justice argentine a émis un non-lieu, conformément aux réquisitions du parquet, innocentant ainsi les deux joueurs. Revenons sur les étapes marquantes d’un scandale qui a ébranlé le rugby français.
8 juillet 2024, des arrestations à Buenos Aires
Deux jours après que le XV de France ait battu l’Argentine (28-13) lors de leur tournée estivale, Hugo Auradou et Oscar Jegou, participants au match, sont appréhendés par la police. Une accusation d’agression sexuelle a été déposée par une femme argentine âgée de 39 ans, incident survenu dans la nuit du 6 au 7 juillet dans un hôtel de Mendoza. Le président de la Fédération française de rugby (FFR), Florian Grill, qualifie ces allégations d’une « gravité extrême« .
12 juillet 2024, détention à Mendoza
Les deux rugbymen sont transférés à Mendoza, où l’enquête est en cours, et inculpés de viol avec circonstances aggravantes, suspectés d’avoir agi de concert, les conduisant à une détention préventive. Ils risquent une peine pouvant aller jusqu’à vingt ans de prison. L’avocate de la plaignante décrit une « violence inouïe« , affirmant que sa cliente a été « brutalement battue« . Les joueurs insistent sur une relation consensuelle et réfutent les actes de violence.
16 juillet 2024, débuts des investigations
Suite à la tournée sud-américaine du XV de France, les enquêteurs poursuivent leur collecte de témoignages dans la boîte de nuit où Hugo Auradou aurait rencontré la plaignante. Les témoignages incluent ceux des personnes rencontrées lors de cette soirée, que ce soit des chauffeurs de taxi, du personnel de l’hôtel, de la famille de la plaignante, ainsi que du staff français et des joueurs des chambres voisines. Des vidéos et échanges WhatsApp sont également passés au crible. Considérant le « niveau de preuves et l’absence de risque procédural« , le ministère public permet aux joueurs d’être assignés à résidence à Mendoza.
12 août 2024, libération conditionnelle
Initialement entendue début juillet, la plaignante l’est à nouveau le 6 août pour davantage d’ »éclaircissements« , selon son avocate. Deux jours après, les deux rugbymen sont de nouveau soumis à une audition détaillée. Des éléments du dossier deviennent publics dans la presse argentine, comme des messages audio échangés avec une amie après les événements, où la plaignante évoque les joueurs de manière favorable. Après ces nouvelles auditions, et devant « des contradictions manifestes« , le parquet décide de libérer les joueurs le 12 août, mais leur interdit de quitter le territoire argentin tant que les investigations sont en cours.
26 août 2024, la tentative de suicide de la plaignante
Les représentants légaux de la plaignante annoncent qu’elle a tenté de se donner la mort trois jours auparavant, mais que l’intervention de son père a « prévenu le pire« . Elle est hospitalisée et accompagnée par des professionnels de santé mentale, et ne se présentera pas aux trois audiences suivantes.
3 septembre 2024, retour des joueurs en France
Près de deux mois après le début de l’affaire, la justice argentine permet à Oscar Jegou et Hugo Auradou de retourner en France. Le parquet estime que « l’accusation initiale ne tient plus« , justifiant ainsi leur décision. Les deux rugbymen reviennent sur le sol français le jour suivant. Le Stade rochelais, équipe de Jegou, exprime son soulagement et son impatience de le revoir, tandis que la Section paloise, club d’Auradou, mentionne l’impatience de ses coéquipiers de le retrouver sur le terrain.
4 octobre 2024, le parquet milite pour un non-lieu, Auradou rejoue en Top 14
Le porte-parole du tribunal de Mendoza informe l’AFP que le parquet a sollicité un non-lieu pour Hugo Auradou et Oscar Jegou. « La défense a déposé la demande de non-lieu, soutenue par le parquet, et réclame une audience avec le juge« , précise Martin Ahumada. Malgré leur mise en examen pour « viol en réunion avec violence« , Hugo Auradou joue un match officiel en Top 14 à Perpignan le lendemain. Le joueur est applaudi à domicile lors de sa prestation suivante à Pau. La problématique entourant les deux joueurs s’invite dans la course à la présidence de la fédération française, avec Florian Grill, président sortant, en faveur d’un « nouveau cadre » pour les tournées du XV de France, tandis que Didier Codorniou, rival politique, argue pour des sanctions à l’encontre des deux sportifs, indépendamment de l’issue judiciaire.
10 décembre 2024, prononcé du non-lieu par la justice argentine
La requête de non-lieu introduite le 28 août par les avocats des sportifs a subi plusieurs reports entre octobre et novembre. Après qu’une tentative de récusation de la juge Eleonora Arenas, déposée par les représentants de la plaignante, a été rejetée le 22 novembre, la juge a officiellement statué sur un non-lieu le mardi 10 décembre. Après une audience à huis clos le 25 novembre, où le parquet et les avocats ont plaidé, les deux sportifs français sont ainsi disculpés dans cette affaire. Cependant, cette décision n’est pas encore conclue : la défense de la plaignante a déjà exprimé son intention de faire appel.