Lundi soir, la liste des 35 personnes qui composeront les ministres et secrétaires d’État sous le gouvernement Bayrou a été rendue publique.
Après une longue série de consultations, la composition du gouvernement dirigé par François Bayrou a été révélée le lundi 23 décembre par Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée. François Bayrou se montre « très fier » de son équipe, qu’il considère comme « un collectif d’expérience ».
Avec des déclarations faites avant même l’annonce officielle, Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a exprimé son refus de participer, disant sur X : « Je refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen. »
« Une distribution bricolée », selon la gauche
Cette déclaration de Xavier Bertrand a trouvé écho parmi plusieurs figures politiques de divers partis. Le député socialiste Aurélien Rousseau a salué sa position : « C’est une situation très préoccupante. Xavier Bertrand a adopté la seule attitude digne face à cette allégeance au Rassemblement National. Nous, en tant que sociodémocrates, luttons pour construire une voie de responsabilité collective. Ce soir, un signal inquiétant a été émis. » Fabien Roussel, leader du Parti Communiste Français, a qualifié la réaction de « un geste de dignité dans une mer de médiocrité. »
Marine Tondelier, à la tête des Écologistes, a également partagé sa position : « Nous avons des désaccords prononcés avec Xavier Bertrand, avec qui je suis dans l’opposition dans la région Hauts-de-France… Mais sur le front républicain, nous avons toujours été unis. »
Lorsque le gouvernement fut finalement annoncé, Léa Balage, députée de Paris et porte-parole des Écologistes, s’est exprimée sur 42mag.fr : « C’est presque comme si c’était le gouvernement de Marine Le Pen. Avec Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, c’est inquiétant pour l’État de droit. » Elle a poursuivi : « C’est une distribution qui tient du rafistolage (…) ».
« Tout ça pour tenter de maintenir son gouvernement en vie pendant quelques semaines ou mois (…). C’est un mauvais cadeau de Noël. »
Léa Balagedéputée et porte-parole des Écologistes
« Ce n’est même pas un gouvernement, c’est une provocation », a critiqué sur X Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, en déclarant que c’était « la droite extrême au pouvoir sous la vigilance de l’extrême droite. »
Raphaël Glucksmann, eurodéputé de Place publique, a commenté sur X : « Acte 1 : Xavier Bertrand est écarté de la Justice car Marine Le Pen s’y oppose. Acte 2 : Gérald Darmanin, qui a vivement critiqué le réquisitoire contre elle, est nommé à la Justice. », en ajoutant : « Quand cesseront-ils d’être sous l’influence de Marine Le Pen? »
Mathilde Panot, à la tête des députés de La France Insoumise, a lancé un avertissement : « Un gouvernement composé de personnes désavouées par les électeurs et qui ont humilié notre pays… avec le soutien de Marine Le Pen et du Rassemblement National. » « Ce gouvernement aura pour destin la censure. Avec Bayrou perdu, Macron sera dépouillé de tout pouvoir. Son départ est inévitable, » a-t-elle conclu sur X.
Éric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis affilié à LFI, a affirmé sur 42mag.fr : « C’est la même politique que tous les gouvernements précédents. Emmanuel Macron insiste, il ne veut pas lâcher. Je pense aux gens, » a-t-il ajouté. « Si on voulait les convaincre que voter ne sert à rien, on ne s’y prendrait pas autrement. Mais je leur envoie ce soir un autre message : comptez sur nous pour ne pas laisser faire. » Selon lui, François Bayrou « ne verra pas la fin de l’hiver. »
Fabien Roussel, une nouvelle fois sur X, a dénoncé « un quatrième gouvernement toujours inspiré par Emmanuel Macron, par LR, par le RN et avec Valls en prime ». Il a ajouté : « Un jour sans fin. On est loin d’un nouveau monde ! »
« Une alliance de l’échec », selon le Rassemblement National
Le Rassemblement National a également manifesté son mécontentement. Jordan Bardella, président du parti et député européen, a écrit sur X : « Heureusement que le ridicule ne tue pas. Hélas, rien n’a été épargné aux Français : François Bayrou a rassemblé la coalition de l’échec. En 2025, le RN sera plus que jamais prêt à soutenir et défendre nos concitoyens, en attendant l’alternance. »
Le député RN des Bouches-du-Rhône, Franck Allisio, a déclaré sur 42mag.fr : « Nous constatons un casting qui, pour être critique, pourrait évoquer Walking Dead. » Il a cependant assuré que « ce gouvernement n’est pas coproduit ».
« Marine Le Pen ne participe pas à la composition du gouvernement. »
Franck Allisio, député Rassemblement National des Bouches-du-Rhôneà 42mag.fr
Toutefois, Franck Allisio estime que l’arrivée de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur et de Gérald Darmanin à celui de la Justice pourrait signaler « un virage vers quelque chose de plus consistant ». Il a ajouté : « Nous jugerons sur les actes. Sur le papier, ce gouvernement ne sera pas censuré par nos soins d’emblée. »
Philippe Ballard, député RN de l’Oise, a également réagi : « François Bayrou s’entoure de ceux qui ont endommagé la France pendant des années. S’il ne rompt pas avec le macronisme lors de la présentation du budget, il s’exposera à la censure. »
« Un gouvernement de ténors », selon la majorité présidentielle
Comme ministre de la Justice, Gérald Darmanin assure qu’il fera preuve de « fermeté », de « rapidité » et de « proximité ». « Nous avons cette fois un gouvernement de poids lourds », a réagi Karl Olive, député Ensemble pour la République des Yvelines, lors d’une interview sur 42mag.fr. « Ce soir, nous disposons d’un gouvernement équilibré avec des ministres représentatifs et soutenus par leur expérience des fonctions locales, ce qui pourrait nous aider à être un peu plus en phase avec le terrain, » a-t-il salué.
Il vient compléter son propos en disant : « Ce gouvernement sera jugé exclusivement sur ses résultats. » « J’espère que les partis adopteront enfin une attitude responsable et que la nation primera sur les intérêts partisans. » Il a conclu par : « Les Français veulent voir le pays avancer. C’est vraiment un gouvernement parlementaire. À nous de nous adapter à la société. »