Cette semaine, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci nous présentent les nouveaux films à l’affiche : « Vingt Dieux » réalisé par Louise Courvoisier et « Les Femmes au balcon » dirigé par Noémie Merlant.
Un fromage au cœur d’une intrigue cinématographique : une première !
Dans le film Vingt Dieux réalisé par Louise Courvoisier, l’action se déroule dans les environs du Jura, où la réalisatrice capture la vie quotidienne. Originaire de cette région, Courvoisier met en scène des acteurs et actrices non-professionnels qui illuminent l’écran par leur talent authentique. Les parents de la cinéaste sont des musiciens qui ont troqué leurs instruments pour la terre en devenant agriculteurs.
Totone, un jeune adolescent insouciant, se retrouve seul pour veiller sur sa petite sœur. Plutôt attiré par l’amitié, la passion des deux-roues et la bière que par le travail sérieux, il accumule les mésaventures. Cependant, il décide de se lancer dans la production de fromage Comté pour tenter de remporter un concours avec une récompense de 30 000 euros. Sa voie croise celle de Marie-Lise, une femme dont les vaches produisent un lait d’une qualité exceptionnelle. Elle devient une alliée précieuse qui l’aide à gagner en maturité, tout en l’accompagnant dans sa découverte du monde adulte.
La rudesse de la vie campagnarde est évoquée sans détour, mais le film dégage une abondance de vitalité, de bravoure et d’humour, rappelant un western version française. La fraîcheur et l’amusement que procurent ces jeunes acteurs face à la caméra sont incomparables, tout comme le visage expressif de la petite sœur. L’accent chantant, les éclats de rire, et la musique se mêlent aux longues scènes panoramiques exaltant la beauté estivale de la nature environnante. Ce premier long-métrage impressionnant signe une belle entrée pour la jeune réalisatrice issue de La CinéFabrique de Lyon, une école qui s’attache à enrichir la diversité dans le cinéma français. Travailler avec sa famille et une équipe fidèle donne une dimension chaleureuse au projet de Louise Courvoisier.
Marseille à l’honneur avec *Les Femmes au balcon* de Noémie Merlant
Sous le soleil écrasant de Marseille, trois jeunes femmes frôlent le point de rupture, dans une atmosphère rappelant l’univers d’Almodóvar. On rencontre Nicole, qui rêve de devenir écrivain, Elise, une comédienne arborant une coiffure à la Marylin, fuyant un tournage et un compagnon nuisible, et Ruby, une cam-girl audacieuse qui n’a pas la langue dans sa poche. Lorsqu’une agression survient par un voisin photographe séduisant, les trois femmes s’unissent pour riposter, entraînant une série de péripéties tantôt hilarantes, tantôt graves.
Ce film vibrant et désordonné, teinté de féminisme, est la deuxième réalisation de long-métrage pour Noémie Merlant. Elle y puise des expériences personnelles d’abus et de brimades, s’en inspirant pour tisser un récit audacieux.
Les Femmes au balcon se distingue par son caractère débridé et provocant. Aucun détail n’est laissé à l’écart, y compris ceux qui semblent mauvais goût (mais qui décide de ce qui est de bon ton ?). La tension monte avec des cris, des situations explosives, et de l’humour caustique, tout en embrassant une nudité assumée. Selon les sensibilités, le film pourrait diviser le public. Pour ma part, je le trouve réussi et joyeux, ses maladresses et sa conclusion légèrement simpliste lui conférant un charme particulier.