Ce jeudi, plus de 300 lots issus principalement de saisies et confiscations liées à des dossiers de fraude fiscale seront mis aux enchères. Cette vente exceptionnelle se déroulera à Bercy.
Si vous passez devant l’imposant bâtiment du ministère de l’Économie et des Finances, ne soyez pas surpris d’apercevoir la cour d’honneur ornée d’une Porsche 911 GT3 aux teintes vert pomme, affichée au prix de départ de 120 000 euros, aux côtés d’autres modèles Audi de luxe. Ces véhicules sont parmi les 303 lots proposés lors de la vente aux enchères qui se déroule sous l’autorité de la justice. L’ensemble des articles offerts présente une valeur initiale de 2,4 millions d’euros, établissant un record pour l’Agrasc, l’organisme chargé de la gestion des biens saisis. Cet événement, programmé pour le jeudi 30 janvier au ministère des Finances, vise à permettre à l’État d’espérer un retour de plus de trois millions d’euros.
Évasion fiscale, fraudes diverses…
Sous la surveillance attentive des douanes, la salle des conférences de Bercy expose fièrement, au cœur des regards, une collection rutilante de lingots d’or, chacun évalué à 65 000 euros pour un kilo. Accompagnant ces précieux lingots se trouvent des pièces de céramique signées Hermès, des montres Rolex à partir de 2 000 euros, ainsi que des sacs à main des maisons de luxe Chanel et Louis Vuitton, sans oublier d’autres bijoux Dior et pièces en or. Plus accessibles financièrement, des vélos électriques sont aussi à l’affiche, à des prix allant de 250 à 600 euros.
Ces divers biens sont issus de 14 investigations menées par l’Office national anti-fraude (Onaf), sous la supervision de plusieurs parquets, notamment ceux de Paris, Bordeaux, Mulhouse, Metz et Lyon. L’objectif principal de l’Onaf consiste à traquer les fraudes financières touchant l’argent public. Par exemple, la Porsche 911 GT3 a été confisquée suite à un cas d’évasion de TVA, tandis que les lingots d’or proviennent d’une opération liée au blanchiment d’argent entre la France et Dubaï. D’autres articles sont issus du démantèlement d’un réseau de contrebande de civelles, intenses sur le marché noir. Les autres biens proposés à la vente sont le fruit d’enquêtes concernant des escroqueries fiscales, sociales et douanières.
Christophe Perruaux, en charge de l’Onaf, explique que l’objectif de cette vente ne se limite pas à importuner les fraudeurs; il s’inscrit plutôt dans une logique de restitution aux citoyens et à l’État d’une partie des fonds détournés, dès lors qu’il y a une condamnation. Montrer que la criminalité n’est pas payante est une chose, mais l’illustrer par des actions concrètes en est une autre, dit-il.
Un « cycle vertueux »
Du côté de l’Agrasc, l’espoir est de voir cette vente exceptionnelle générer au moins 3 millions d’euros. Comme l’explique Vanessa Perrée, directrice générale de l’établissement, ces enchères permettent non seulement d’éviter des coûts de stockage et de justice, qui sont à la charge des contribuables, mais elles s’inscrivent également dans une démarche de réutilisation des biens confisqués. Pour donner un exemple, garder une voiture sous scellés coûte 1 400 euros par an.
« L’argent tiré de ces ventes, arraché aux criminels, vient ensuite enrichir les caisses de l’État. C’est un cercle vertueux auquel nous tenons beaucoup. »
Vanessa Perrée, directrice générale de l’Agrascà 42mag.fr
Cette vente se distingue des précédentes par une certaine sobriété : on passe du clinquant habituel des biens appartenant à des narcotrafiquants ou à des organisations criminelles, à des articles raffinés, possédés par des personnes d’un goût plus subtil, selon un habitué de ces ventes de l’État.
En 2024, selon un rapport exclusif de l’Agrasc obtenu par 42mag.fr, 1,35 milliard d’euros ont été saisis dans le cadre de procédures pénales. Les biens confisqués ont représenté une somme de 244 millions d’euros, une hausse significative par rapport à 2023 où seuls 175 millions avaient été saisis. Les lots seront exposés ce jeudi, de 10 heures à 16 heures, au 139 rue de Bercy à Paris, avec la vente débutant à 11 heures. Entrée sur inscription via encheres-domaine.gouv.fr, et diffusion en direct sur Drouot.com.