Pour marquer le centième anniversaire du mouvement surréaliste ainsi que les 70 ans depuis que Jacques Prévert s’est installé dans le 18e arrondissement de Paris, le musée de Montmartre décide de rendre hommage au célèbre poète.
Jacques Prévert, natif de Neuilly-sur-Seine, aurait célébré ses 125 ans le 4 février prochain. Évoquer un « inventaire à la Prévert » sans mentionner sa poésie humaniste, empreinte de douceur et de mélancolie, semble impossible. Sa plume continue d’enchanter la langue des jeunes élèves.
Prévert touche tous les cœurs
Lors d’une exposition, un visiteur remarque : « Il a écrit de nombreuses chansons. » L’air de Les Feuilles Mortes, rendu célèbre par Yves Montand, résonne dans nos esprits. « Je ne connaissais que ses poèmes que j’ai beaucoup étudiés pendant ma scolarité primaire, confie une lycéenne de Bruxelles. Pour moi, c’était uniquement un poète. Découvrir qu’il était aussi un intellectuel et artiste engagé est une agréable surprise. » Son collègue ajoute : « Il s’adresse à tout le monde, distribuait lui-même ses poèmes à l’entrée des usines pour rendre ses écrits accessibles. »
Au musée de Montmartre, l’exposition « Jacques Prévert, rêveur d’images » révèle des aspects plus personnels et méconnus de sa vie à la Cité Véron, située juste au-dessus du Moulin Rouge dans le 18ème arrondissement de Paris. Son voisin à l’époque était Boris Vian. L’exposition met également en avant l’influence du mouvement surréaliste dans l’œuvre de Prévert, qui a participé avec Yves Tanguy et André Breton à la création du jeu du cadavre exquis.
Collaborations avec les grands noms du cinéma
Jusqu’en 1936, Jacques Prévert est actif avec le groupe théâtral amateur communiste « Octobre ». Selon la médiatrice Léa Grall, « Ils ne se produisent pas dans les théâtres traditionnels. Leurs pièces s’inspirent des actualités, jouées dans des usines en grève, lors de manifestations, et même devant des soupes populaires. » Par la suite, Prévert s’oriente vers le cinéma. Après Paris Express, un film muet co-réalisé avec son frère Pierre, il rédige les scénarios de classiques du cinéma comme Les enfants du paradis, Les visiteurs du soir, ou Le quai des brumes de Marcel Carné.
C’est en épinglant ses scénarios sur de grandes planches, souvent agrémentées de dessins variés, que Prévert travaillait. « Ces documents sont très vivants; on y trouve parfois des tâches de café ou des marques de cigarette. » Le poète-scripteur tenait également un agenda où chaque jour était représenté par une page richement illustrée de croquis colorés, qu’il réalisait au feutre, un outil qu’il adopta à partir de 1963.
Des collaborations artistiques variées
L’exposition met également en lumière les collaborations de Prévert avec de nombreux artistes, dont le sculpteur américain Calder, ainsi que des peintres comme Miro, Chagall, Braque ou Picasso, avec qui il partageait une profonde amitié. Dans son recueil Parole, publié en 1946, il a écrit le poème « La lanterne magique de Picasso ».
Prévert s’adonnait également au collage surréaliste. Dans l’un de ses collages, on discerne le Moulin Rouge avec Jésus et le pape au premier plan. « Je suis ravi de découvrir cette facette de Jacques Prévert, s’exclame un visiteur. Ce qui m’a le plus marqué, c’est son irrévérence, notamment à travers ses œuvres anticléricales. Il était un homme d’engagement autant qu’un artiste. »
Tant de créations qui illustrent le génie de Prévert, magnifiquement mises en avant dans l’exposition « Jacques Prévert, rêveur d’images », visible jusqu’au 16 février au Musée de Montmartre, à Paris.
À SAVOIR
12 rue Cortot, Paris (18e)
Jusqu’au 16 février 2025, ouvert tous les jours de 10h à 18h.
museedemontmartre.fr