Depuis la dissolution, certains projets de loi ont été temporairement suspendus, et il apparaît que le gouvernement dirigé par François Bayrou pourrait rencontrer des difficultés pour initier de nouvelles réformes, en raison d’une majorité insuffisante à l’Assemblée nationale.
François Bayrou remet en mouvement plusieurs projets de loi qui étaient restés en suspens depuis des mois. Les blocages semblent se dissiper. Après avoir évité une motion de censure sans encombre le jeudi 16 décembre, un calme relatif apparaît dans le climat politique. L’appareil gouvernemental était paralysé depuis sept mois, suite à l’annonce de la dissolution qui avait brusquement interrompu les discussions parlementaires. Début décembre, la chute du gouvernement Barnier avait encore compliqué la reprise de ces discussions. Toutefois, François Bayrou peut désormais profiter d’une accalmie pour relancer certains projets. Parmi ceux-ci, on compte le projet relatif à la fin de vie et la loi d’orientation agricole. Ce dernier, un engagement de campagne d’Emmanuel Macron en 2022, avait été fortement remanié suite au mécontentement des agriculteurs il y a environ un an, et avait été adopté par l’Assemblée nationale en mai. Heureusement, son examen reprend enfin cette semaine au Sénat.
Le gouvernement dirigé par François Bayrou ne devrait toutefois pas s’engager dans de nouvelles réformes d’envergure. Même si les modalités pratiques peuvent susciter des frictions, des sujets tels que l’ajustement de la législation sur la fin de vie ou les solutions envisagées pour la crise agricole trouvent un large consensus au sein de la population. François Bayrou peut donc espérer rassembler une majorité à l’Assemblée nationale. Il pourrait aussi réussir à éviter la censure concernant le budget, invoquant la nécessité de maintenir une stabilité politique et institutionnelle. Cependant, pour toutes les autres questions importantes, qu’elles soient régaliennes – sécurité, immigration, justice – ou économiques et sociales, comme une éventuelle réforme des retraites, le défi s’annonce bien plus ardu. D’autant plus que, mis à part les textes budgétaires, le Premier ministre ne peut faire usage de l’article 49-3 qu’une seule fois par session parlementaire.
Un statu quo possible jusqu’en 2027
Le danger qui guette est celui de l’immobilisme, une véritable crainte pour Emmanuel Macron. Le président de la République continue d’inciter son équipe à agir, mais nombre de ses collaborateurs se sont fait une raison. Édouard Philippe, qui prend souvent un malin plaisir à jouer les avertisseurs auprès du chef de l’État, répète que « la période propice aux réformes est révolue » et que « rien de significatif ne pourra être entrepris » avant 2027. Le but pour le gouvernement est donc de tenir jusqu’à cette date en redressant autant que possible la situation financière. Comme disait le général de Gaulle en 1958, « Le Premier ministre est là pour durer et se maintenir ». François Bayrou, choisi pour négocier et apaiser, présente le profil idéal pour remplir cette mission délicate, qui nécessite énergie et persévérance. En effet, comme le disait Edgard Faure, « l’immobilisme avance, et rien ne pourra l’arrêter » !