Le chef des évêques catholiques de France a demandé l’ouverture d’une information judiciaire contre l’abbé Pierre suite à de nouvelles allégations d’abus sexuels contre le prêtre et fondateur de l’association Emmaüs, décédé en 2007.
Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a déclaré vendredi à la radio française qu’il avait déposé une requête formelle auprès du parquet de Paris pour enquêter sur d’éventuelles dissimulations d’abus et d’agressions sexuelles.
Neuf nouvelles accusations ont émergé cette semaine dans un rapport commandé par Emmaüs, portant à 33 le nombre total de témoignages depuis les premières révélations de juillet. Les allégations s’étendent des années 1950 aux années 2000.
Parmi les dernières accusations, un membre de la famille a rapporté avoir subi « un contact sexuel sur ses seins et sa bouche à la fin des années 90 », tandis qu’un autre témoignage décrit « un acte sexuel avec pénétration sur un garçon mineur ».
De Moulins-Beaufort s’est dit horrifié par les dernières révélations et a donc mis par écrit sa demande d’ouverture d’une enquête judiciaire.
« Seule la justice dispose des moyens d’enquête nécessaires pour permettre de révéler toute la vérité possible sur les silences et les non-dénonciations dont aurait pu bénéficier l’abbé Pierre », a-t-il déclaré.
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Prêtre renommé
Né Henri Grouès en 1912, l’abbé Pierre était connu dans toute la France pour son action auprès des pauvres à travers Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre. Il est décédé en 2007 à l’âge de 94 ans.
Il s’agit du troisième rapport du cabinet mandaté par Emmaüs pour faire la lumière sur les accusations portées contre lui.
Si des poursuites pénales contre l’abbé Pierre ne sont plus possibles en raison de son décès, les enquêteurs pourraient interroger des complices potentiels ou ceux qui n’ont pas signalé les abus à l’époque.
De Moulins-Beaufort a estimé que la demande d’enquête était l’occasion de « faire la lumière » sur l’affaire et de déterminer comment « les faits n’ont pas été rapportés à la justice pendant toutes ces années ».
Depuis le début des révélations en juillet 2024, l’Église a fait face à des critiques croissantes pour son silence sur les allégations. De Moulins-Beaufort a exprimé « une immense tristesse » aux victimes et a encouragé d’autres personnes à se manifester.
« Toute personne ayant subi des violences sexuelles de la part de l’abbé Pierre n’hésite pas à s’adresser aux services d’accompagnement des églises ou aux plateformes d’écoute d’Emmaüs », précise-t-il.
En septembre, l’Église a pris la décision inhabituelle d’ouvrir ses archives sur l’abbé Pierre aux chercheurs et aux journalistes, contournant ainsi la période d’attente habituelle de 75 ans.
L’Église française ouvre très tôt les archives d’un prêtre accusé d’abus sexuels
Renommer
À la suite de ces allégations, les villes françaises ont pris des mesures pour se distancier de l’abbé Pierre.
En septembre, le maire de Lyon avait annoncé que « le nom de l’abbé Pierre serait retiré de l’espace public » sur une place du centre-ville.
La Fondation Abbé Pierre a annoncé qu’elle changerait de nom et qu’un centre de mémoire en Normandie, où le prêtre a résidé pendant de nombreuses années, fermera définitivement ses portes.
Une statue de l’abbé Pierre a été retirée du village de Norges-la-Ville, dans l’est de la France, où se trouve le deuxième plus grand centre communautaire Emmaüs.