Dans une circulaire adressée à l’ensemble des procureurs, le ministre de la Justice Gérald Darmanin a souligné que la lutte contre le trafic de drogue doit être considérée comme une « priorité absolue ».
« Votre priorité, tout comme celle des enquêteurs, doit être de se concentrer en priorité sur le blanchiment d’argent et les profits illégaux liés aux activités criminelles », indique le document diffusé à la presse. Alors que le Sénat examine dès ce mardi 28 janvier l’après-midi une proposition de loi visant à lutter contre le trafic de stupéfiants, le ministre de la Justice a adressé, lundi soir, une note stratégique à l’ensemble des procureurs. Gérald Darmanin y souligne que combattre le crime organisé doit être considéré comme « une priorité essentielle ».
Cibler les ressources financières
En ce qui concerne l’approche à adopter, il est primordial de se focaliser sur le blanchiment d’argent, insiste le ministre. En d’autres termes, il s’agit d’affaiblir les narcotrafiquants en s’attaquant à leurs ressources financières. Comment ? En procédant à la saisie systématique de tous leurs avoirs. En 2023, 1,4 millions d’euros de biens criminels ont été confisqués, mais cela reste insuffisant aux yeux du ministre de la Justice.
Beaucoup de magistrats et d’enquêteurs spécialisés soulignent que le problème provient du manque de moyens dédiés à la lutte contre le crime financier. Selon eux, il serait nécessaire d’accroître significativement les effectifs pour démanteler les réseaux internationaux responsables du blanchiment d’argent issu du trafic de drogue.
Un nouveau parquet pour les affaires complexes
Des ressources additionnelles seront mises à la disposition des magistrats avec la création prochaine d’un parquet national dédié à la lutte contre le crime organisé. Ce parquet spécialisé devrait ouvrir ses portes le 1er janvier de l’année prochaine, soit à Paris, soit éventuellement à Marseille, comme le suggère le ministre de la Justice. Il sera chargé de traiter les affaires liées au trafic de drogue, particulièrement les plus complexes, ainsi que les conflits les plus violents qui en découlent. Ce nouveau parquet s’inspire du modèle du parquet antiterroriste.
C’est, en fait, l’un des éléments clés de la proposition de loi discutée à partir de ce mardi 28 janvier au Sénat. Cette législation envisage également de réviser le statut des repentis. L’idée est de tirer des enseignements de la législation italienne anti-mafia en offrant des réductions de peine ainsi qu’une protection renforcée aux criminels qui choisissent de collaborer avec la justice.