François Bayrou a finalement décidé de revisiter la réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron, en déclarant la tenue d’un « conclave » pour en discuter à nouveau. Cependant, des questions subsistent quant au calendrier de cette renégociation. De plus, qu’en est-il de l’attitude des syndicats face à cette initiative ? 42mag.fr examine la situation.
François Bayrou est persuadé qu’on peut trouver une « nouvelle voie de réforme » sur les retraites. Lors de son discours politique du mardi 14 janvier, il a souligné cette possibilité. Le Premier ministre a indiqué qu’il comptait confier le dossier des retraites aux partenaires sociaux. Les organisations de l’employeur et les syndicats ont un délai de trois mois pour parvenir à un nouvel accord, le critère principal étant de maintenir l’équilibre financier.
La situation ne prévoit ni l’annulation ni la suspension de la réforme. Il est question, cette fois, d’une négociation menée par les représentants des employeurs et les syndicats. Ceux-ci avaient réussi à mobiliser entre 1,28 million et environ trois millions de personnes lors des 14 jours de manifestations contre la réforme initiée par l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne. Cette réforme avait été approuvée sans vote parlementaire par le biais de l’article 49.3 de la Constitution en mai 2023.
François Bayrou a commenté que « les syndicats ont une part cruciale dans l’avenir du pays« . Opposés à la réforme impopulaire des retraites, ils doivent maintenant discuter avec le patronat pour proposer de nouvelles solutions, y compris financières. Observant que « l’urgence principale est de résoudre la question des retraites qui anime les débats publics« , le Premier ministre a décidé de « réengager les discussions avec les partenaires sociaux« , d’après son discours de politique générale.
Un projet en deux étapes
Le calendrier s’annonce pressé. Pour commencer, le Premier ministre va solliciter la Cour des comptes pour obtenir des données précises sur la situation des retraites et leur financement. Cette tâche, confiée à une « mission éclair« , devrait donner en quelques semaines « une évaluation claire et actuelle du financement du système de retraites« .
En conséquence, François Bayrou met en place une délégation permanente avec les partenaires sociaux. La première rencontre est planifiée pour le vendredi 17 janvier avec des « représentants de chaque organisation ». Ils disposeront de trois mois pour travailler sur une nouvelle réforme, faisant fi de tout « tabou« . François Bayrou a souligné qu’aucun sujet ne serait éludé, « pas même l’âge légal de départ à la retraite« , un sujet pourtant controversé chez les syndicats.
Si un terrain d’entente est trouvé, le Parlement l’incorporera dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale cet automne. En cas d’échec, l’actuelle législation restera en vigueur, et l’âge de départ sera porté à 62 ans et 9 mois à partir de novembre.
Un compromis difficile à atteindre
Ces discussions replacent les partenaires sociaux au cœur du processus. La plupart d’entre eux considèrent cette ouverture de négociation favorablement. C’est qu’une première qu’ils sont effectivement inclus dans ce processus de réforme, après avoir été mis de côté il y a deux ans malgré les massives mobilisations. Les syndicats prévoient une rencontre intersyndicale le jeudi 16 janvier pour harmoniser leurs positions. La CFDT et Force ouvrière souhaitent notamment apporter des avancées sur des sujets comme les conditions de travail pénibles, l’usure professionnelle ou l’égalité entre les sexes. Un syndicaliste souligne : « Si nous aboutissons, l’actuelle réforme pourrait même être abandonnée« .
Néanmoins, les contraintes financières sont réduites. Les employeurs souhaitent éviter toute augmentation des cotisations. Le Medef refuse en particulier toute mesure qui nuirait à la croissance économique ou à l’emploi. Il soutient encore que le recul de l’âge légal est crucial pour le maintien en équilibre des différents régimes. C’est précisément ce point qui complique le compromis possible puisque la CGT exige toujours l’annulation de cette réforme. Elle reproche au gouvernement de ne pas s’opposer au relèvement de l’âge, accusant ce dernier de concéder un avantage certain au patronat.