Lors de la cérémonie d’ouverture, l’actrice Tilda Swinton, emblème emblématique du cinéma d’auteur, se verra décerner un Ours d’or honorifique.
Jeudi soir, 13 février, les personnalités du cinéma comme le réalisateur américain Todd Haynes, l’actrice écossaise Tilda Swinton et la star chinoise Fan Bingbing s’apprêtent à fouler le tapis rouge de la 75e Berlinale. Ce festival prend place dans un contexte politique intense en Allemagne, en pleine campagne électorale. Le festival du film, premier événement majeur de l’année pour l’industrie cinématographique, commencera officiellement avec une cérémonie en soirée.
Habituellement très consensuel, l’ouverture du festival avait fait débat l’année précédente lorsque les organisateurs avaient hésité sur l’invitation de représentants de l’AfD. Cette année, ce parti d’extrême droite ambitionne de réaliser une percée significative lors des élections législatives anticipées prévues pour le 23 février, soit le lendemain de la cérémonie de remise de l’Ours d’or. La Berlinale, qui se veut un bastion de la culture progressiste et un reflet des enjeux politiques actuels, parviendra-t-elle à se tenir à l’écart de ce climat politique houleux ?
On portera une attention particulière aux propos tenus par les artistes invités à Berlin, surtout aux réflexions des acteurs et cinéastes allemands, parmi lesquels Tom Tykwer, metteur en scène du film d’ouverture, The Light. Ce long métrage raconte l’histoire d’une réfugiée syrienne employée comme gouvernante dans une famille berlinoise, où elle entame alors un périple imprévisible.
Connu pour son film Cours, Lola, cours sorti en 1998, Tykwer revient au cinéma contemporain allemand après une décennie consacrée à sa série Babylon Berlin, qui explorait l’époque de la République de Weimar et l’ascension du nazisme. The Light « décrit le quotidien de personnages confrontés à l’intensité de notre ère », selon ses propres mots. Dans le contexte actuel où « la démocratie fait face à de nouvelles menaces » de la part de mouvements cherchant à « exclure et marginaliser », comme il l’a confié aux médias allemands, le film trouve une résonance particulière.
La soirée de lancement sera aussi l’occasion de rendre hommage à Tilda Swinton avec un Ours d’or honorifique. Swinton, qui s’est illustrée dans le cinéma d’auteur en travaillant avec des réalisateurs comme Wes Anderson ou Pedro Almodovar, a également partagé l’affiche avec des stars telles que Brad Pitt, Tom Cruise ou Keanu Reeves.
Dès le vendredi, le jury commencera à visionner les premières œuvres en compétition pour l’Ours d’or. Le comité, présidé par Todd Haynes — connu pour des films tels que Dark Waters, I’m Not There, Carol — et composé de jurés comme Fan Bingbing et le réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch, devra évaluer 19 films en compétition. Parmi les cinéastes en lice figurent l’Américain Richard Linklater, le Sud-Coréen Hong Sang-Soo, le Mexicain Michel Franco et le Roumain Radu Jude, tous cherchant à succéder à Dahomey, le documentaire de Mati Diop.
La Berlinale, réputée pour sa programmation axée sur le cinéma d’auteur, attire traditionnellement moins de projecteurs que les festivals de Venise ou de Cannes. Mais cette année, sous la direction de Tricia Tuttle, ancienne responsable du Festival du film de Londres, le festival cherche à se renouveler. Pour raviver l’éclat du tapis rouge, plusieurs célébrités sont attendues, parmi lesquelles Timothée Chalamet, qui présentera Un parfait inconnu, un biopic sur Bob Dylan déjà diffusé dans plusieurs pays.
Figurent également Jessica Chastain, Marion Cotillard, Ethan Hawke et Robert Pattinson. Ce dernier joue dans Mickey 17, un film projeté hors compétition dirigé par Bong Joon-Ho, marquant ainsi le retour du réalisateur après le succès retentissant de Parasite.
Cette nouvelle œuvre est une comédie de science-fiction teintée de satire, laquelle se moque d’un magnat ayant des traits semblables à ceux d’Elon Musk — le patron de Tesla, SpaceX, propriétaire de X, ancien conseiller de Trump aux États-Unis, et en soutien de l’AfD en Allemagne.