Le représentant de la Haute-Loire, désireux de diriger le parti, doit jongler avec les ambitions et la notoriété du ministre de l’Intérieur. Celui-ci envisage sérieusement de se lancer dans la compétition.
Un caillou plus volumineux que prévu s’est glissé dans le soulier de Laurent Wauquiez. Ce dernier compte présenter, mercredi 5 février, son plan de renouvellement pour le parti Les Républicains. Au programme : élaboration d’une charte des valeurs, mise en place d’un calendrier, recueil des attentes des militants et potentielle modification du nom du parti. Toutefois, il rencontre un obstacle en la personne de Bruno Retailleau, avec qui les relations ont été tumultueuses ces dernières années. Le ministre de l’Intérieur, dont la popularité a grimpé depuis son entrée au gouvernement, envisage sérieusement de se porter candidat à la présidence des LR, un poste également convoité par le leader des députés de droite. Selon un proche de Wauquiez, l’élection pourrait avoir lieu entre avril et mai.
Les proches de Bruno Retailleau confient à 42mag.fr que de nombreux militants, parlementaires et figures importantes de la droite l’encouragent à franchir le pas, notamment Gérard Larcher, président du Sénat, et même l’ancien président Nicolas Sarkozy. Un de ses alliés précise qu’il se prononcera d’ici la fin de la semaine, lorsqu’il aura pris connaissance du calendrier annoncé par Laurent Wauquiez mercredi, et médite déjà sur la manière de rendre public son choix.
La menace d’un affrontement interne
En cas de rivalité, la tension pourrait s’accroître entre les deux protagonistes, qui ont dîné ensemble mardi soir. Certains redoutent un conflit au sommet. D’autant plus que des députés sont tiraillés entre les deux camps. « Entre Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez, je me sens déchiré, raconte un parlementaire à 42mag.fr, mais après avoir assisté à trente-huit cérémonies de vœux, on ne m’a parlé que de Bruno Retailleau… Hélas pour Laurent, son message passe moins ! »
Cela dit, l’ancien chef des sénateurs LR n’a pas que des sympathisants. D’autres le décrivent comme un « géant aux fondations fragiles ». Un député de son propre camp critique ses positions conservatrices, notamment sur l’IVG et le mariage pour tous, en affirmant que « Laurent Wauquiez est bien plus progressiste ». « C’est facile de briller à droite quand on est exclusivement centré sur les questions régaliennes à Beauvau, mais les résultats manquent », ajoute un autre.
Pour certains, il semble inconcevable que Bruno Retailleau puisse cumuler ses fonctions de ministre et de chef de parti. Un partisan de Laurent Wauquiez se demande : « Imaginez devoir gérer une tempête à Mayotte puis présider le bureau politique des LR le même jour ? ». Cependant, un partisan de Retailleau soutient que ce double rôle est tout à fait faisable, non sans un soupçon d’ironie, en rappelant que le Premier ministre est également leader du MoDem et maire de Pau.