Lancée en 2005, cette entité a été remise en activité par Bruno Retailleau afin de satisfaire le désir des Français pour un meilleur contrôle des mouvements migratoires. Ses discussions se déroulent dans un climat tendu avec l’Algérie, suite à l’attaque survenue à Mulhouse.
Un nouveau cadre a été mis en place pour traiter un sujet récurrent. Mercredi 26 février, le Premier ministre organise une rencontre avec certains membres de son gouvernement, qui ont des avis divergents concernant l’immigration, afin de discuter des stratégies pour « reprendre le contrôle des flux migratoires » et déterminer ses nouvelles « orientations ». Dès 14 heures, une dizaine de ministres se réuniront autour de François Bayrou pour un comité interministériel dédié à la gestion de l’immigration (CICI), parfois désigné comme un « conseil » par certains représentants du gouvernement.
Participeront à cette session le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, et la ministre du Travail et de la Santé, Catherine Vautrin, ainsi que les ministres délégués en charge du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, et de la Santé, Yannick Neuder.
Initialement constitué en 2005, ce comité a été relancé par Bruno Retailleau « compte tenu d’une immigration massive » et « afin de répondre aux attentes des citoyens désireux d’une meilleure régulation des flux migratoires », conformément à un décret paru dans le Journal officiel du 22 janvier. Prévu à l’origine pour la fin janvier mais repoussé, ce premier rendez-vous a finalement été fixé après l’attentat survenu samedi à Mulhouse (Haut-Rhin), qui a causé un décès et sept blessés. Le principal suspect de cet acte est un Algérien de 37 ans en situation irrégulière.
Un contexte tendu avec Alger
Cet individu « a été présenté à dix reprises aux autorités algériennes pour qu’ils acceptent son retour au pays. À chaque fois, la réponse a été négative », a déploré lundi François Bayrou, estimant ces refus répétés « inacceptables » pour laisser entrer en Algérie ce ressortissant visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Cette nouvelle affaire vient exacerber les tensions entre Paris et Alger, ce dernier bloquant souvent l’expulsion de ses ressortissants par la France.
Sur ce sujet délicat, les opinions divergent au sein du gouvernement. D’un côté, certains, comme Bruno Retailleau, prônent le rapport de force. De l’autre, certains, dont Jean-Noël Barrot, proposent de privilégier la diplomatie. Le ministre de l’Intérieur a récemment proposé de « restreindre les privilèges » de certaines figures de l’élite algérienne, y compris les diplomates. Il est même allé plus loin en suggérant, comme l’ont fait Edouard Philippe et Gabriel Attal, de revoir « plus généralement les accords » signés avec l’Algérie en 1968.
À l’inverse, le ministre des Affaires étrangères a insisté sur le fait que geler « les visas pour un pays spécifique » « ne donne pas de résultats ». Lorsqu’il y a eu une réduction des visas pour les Algériens entre 2020 et 2021, « le nombre d’expulsions était à 800 par an », a déclaré Jean-Noël Barrot dimanche sur Europe 1. « En 2022, nous avons opté pour une autre approche, signant un accord exigeant mais coopératif avec l’Algérie, et cela a triplé le nombre de retour à la frontière ».
Bien que les discussions publiques s’articulent autour de ce pays, il « n’y aura pas de sujets spécifiques concernant l’Algérie » durant la réunion de mercredi, a affirmé à Public Sénat Patrick Stefanini, représentant spécial du ministre de l’Intérieur. Le CICI « portera sur les questions de contrôle aux frontières, la politique des visas, les mesures d’expulsion et la lutte contre les traversées maritimes ». Les ministres aborderont également l’adaptation du Pacte européen sur l’asile et la migration, adopté en mai, qui devrait entrer en application mi-2026. Ce pacte prévoit un renforcement du « filtrage » aux frontières et un mécanisme de solidarité entre les pays membres de l’Union européenne, précise Matignon à l’AFP.