Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po Paris, exprime ses inquiétudes face aux conséquences potentielles du discours, certes diplomatique et subtil, mais qui pourrait susciter une réponse vigoureuse de la part d’Alger. Cette analyse fait suite à la déclaration de François Bayrou concernant la nécessité pour l’Algérie de revoir l’accord de 1968.
Le Premier ministre a récemment annoncé que la France allait solliciter l’Algérie pour réexaminer l’ensemble des accords de 1968 qui lient les deux nations. D’après Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales et professeur émérite à Sciences Po Paris, la situation actuelle constitue une crise d’une intensité sans précédent depuis que l’Algérie a obtenu son indépendance en 1962. Lors du comité interministériel consacré au contrôle de l’immigration, François Bayrou a aussi mentionné les conventions franco-algériennes qui octroient un statut particulier aux Algériens concernant la mobilité, le séjour et l’emploi en France.
Le professeur souligne que « nous touchons le point culminant de la crise si l’on considère le contexte historique depuis 1962. Jamais nous n’avons affronté une situation aussi grave depuis cette époque. » Il ajoute que le Premier ministre semble vouloir appliquer la stratégie du « en même temps », puisqu’il parle de réexaminer les accords tout en évitant de vouloir aggraver la situation. »
Un avenir incertain pour les relations franco-algériennes
Bertrand Badie exprime ses inquiétudes en déclarant : « Je crains qu’un discours, même soigneusement diplomatique, puisse provoquer une réaction sévère de la part d’Alger. » Il doute fortement que le gouvernement algérien se montre soudainement disposé à accepter de nouvelles conditions pour maintenir l’accord en place.
D’après l’expert en relations internationales, « la seule manière de préserver les relations franco-algériennes aujourd’hui serait d’engager des actions significatives au plus haut niveau politique. » Il conclut en affirmant : « Nous avons atteint un tel niveau de tension qu’il faudrait une intervention présidentielle empreinte de réconciliation pour espérer restaurer la situation. »