Selon une enquête menée par des journalistes de Le Monde Et la radio France, le gouvernement français a permis au géant de la nourriture et des boissons Nestlé de continuer à vendre de l’eau minérale qui ne se conformait pas aux réglementations de la santé. Le président Emmanuel Macron a nié mardi les accusations d’une dissimulation à grande portée.
« Je ne suis au courant de ces choses. Il n’y a aucune compréhension avec personne, il n’y a aucune collusion avec personne », a déclaré le président Emmanuel Macron à des journalistes en marge d’un voyage au Gustave Roussy Cancer Institute mardi près de Paris mardi.
Macron abordait la controverse entourant de nouvelles révélations dans le scandale de purification des eaux de Nestlé.
La filiale du géant agroalimentaire suisse a été accusée d’utiliser des méthodes de traitement illégales sur ses marques d’eau en bouteille pour contourner les réglementations de santé strictes.
Le groupe est le propriétaire en France de marques comme Perrier, Vittel, Hépar et Contx Mineral Waters.
Mardi, des journalistes d’investigation de Le Monde Et Radio France a révélé que les services de l’ancien Premier ministre, Elisabeth Borne, et la présidence française ont permis à Nestlé de commercialiser ces eaux, malgré les recommandations des autorités sanitaires pour une interdiction de 2023.
Aucune amélioration
Citant des «échanges de courriels et de billets ministériels», les journalistes accusent le gouvernement français d’avoir «privilégié les intérêts de Nestlé au détriment des consommateurs» en accordant des exemptions pour les pratiques de l’entreprise.
Au début de 2024, Nestlé Waters, a admis avoir utilisé des techniques interdites telles que la lumière ultraviolette et les filtres en carbone actifs « pour garantir la sécurité alimentaire » de ses eaux minérales.
Nestlé admet avoir traité de l’eau minérale en bouteille en violation des réglementations françaises
La société a déclaré qu’elle « avait perdu la trace de l’importance de se conformer aux réglementations », mais a souligné que toutes les marques concernées répondent désormais aux exigences françaises.
Le groupe a également signalé qu’il avait alerté les autorités françaises de la question en 2021.
À l’époque, le gouvernement a demandé à la National Regional Health Agency (ARS) d’organiser quelque 32 inspections et a constaté qu’un tiers des marques d’eau en bouteille ne se conformaient pas aux réglementations.
Mais l’enquête de Le Monde Et la radio-France a trouvé des preuves que la qualité de l’eau des produits ne s’améliorait pas.
Les journalistes ont déclaré avoir trouvé une note datée du 20 janvier 2023 du directeur général de la santé (DGS), Jérôme Salomon, qui a recommandé de « suspendre immédiatement l’autorisation » pour les produits Nestlé de la région de Vosges ainsi que le site d’embouteillage de Perrier à Vergèze, à la région Le Gard.
Salomon a cité un rapport de la National Health Safety Agency (ANSE) sur l’utilisation de microfiltres inférieurs à 0,8 micromètre, ce qui a conclu que l’eau quittant les puits n’était « pas microbiologiquement en bonne santé ».
Lorsqu’on lui a demandé des détails de l’agence de presse française AFP, le bureau du président à l’Élysée a indiqué que « l’affaire avait été attirée sur leur attention » et qu’elle avait « référé les personnes intéressées aux services d’État compétents ».
Le DGS et Nestlé n’ont pas immédiatement répondu à la demande d’informations.
Nestlé et Alma sont confrontés à une action en justice renouvelée en France sur la fraude à l’eau
Les consommateurs sont partis dans l’obscurité
Le groupe français des droits des consommateurs Foodwatch a déposé une plainte en février 2024, alléguant des pratiques illégales dans la purification de l’eau en bouteille de Nestlé.
Nestlé en septembre, est parvenu à un règlement connu sous le nom d’un accord d’intérêt public judiciaire (CJIP) qui les a vus payer une amende de 2 millions d’euros pour éviter un procès.
Mais Foodwatch a déclaré que la multinationale devait être « tenue responsable » des « décennies de mesures frauduleuses » et a lancé deux autres plaintes légales, le 25 septembre.
L’une des plaintes a ciblé les sources de l’entreprise Alma (St-Yorre, Vichy Célestins, Chateldon et Cristaline), accusée d’avoir utilisé les mêmes pratiques de purification illégales que Nestlé.
Pour Ingrid Kragl, directeur de l’information chez Foodwatch France, le « manque de transparence » entre les entreprises et les autorités françaises entourant l’affaire « soulève de sérieuses questions ».
« Pendant un an et probablement des années, les produits qui ne respectent pas les réglementations sur l’eau ont continué à être commercialisés en France et dans le monde sans que les entreprises ne soient inquiets. Et nous, les consommateurs, sommes laissés dans l’obscurité », a-t-elle déclaré à Le site Web de Foodwatch mardi dernier.
« Foodwatch exige qu’un essai établit des responsabilités et que des sanctions exemplaires soient imposées », a déclaré l’ONG.
L’ONG devait être entendu par une enquête de la Commission du Sénat le 29 janvier.
(avec des nouvelles)