Les parlementaires vont entendre les trois postulants. Une fois qu’ils auront reçu l’approbation, ces individus se lanceront dans une période de neuf ans de fonctions.
Le mystère est levé. Emmanuel Macron a proposé le nom de Richard Ferrand pour présider le Conseil constitutionnel le lundi 10 février. Il remplacerait ainsi Laurent Fabius, qui achève son mandat de neuf ans, selon un communiqué de la présidence de la République. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a, quant à elle, désigné l’ancienne députée Laurence Vichnievsky pour succéder à Corinne Luquiens parmi les membres du Conseil. De son côté, le président du Sénat, Gérard Larcher, a fait le choix de Philippe Bas pour prendre le siège de Michel Pinault.
Ces trois personnalités vont désormais devoir passer l’épreuve de l’audition devant le Parlement. Laurence Vichnievsky sera présentée à la commission des lois de l’Assemblée nationale, alors que Philippe Bas répondra aux questions de celle du Sénat. Leur nomination peut être rejetée si trois cinquièmes des membres des commissions votent contre.
Richard Ferrand devra convaincre les commissions des lois des deux assemblées. La commission de l’Assemblée nationale a déjà programmé son audition pour le mercredi 19 février à 8h30. Sa désignation sera soumise au même critère de majorité de trois cinquièmes pour être validée. Franceinfo fait le point sur ces trois figures politiques.
Richard Ferrand, soutien précoce de Macron
Emmanuel Macron a retenu Richard Ferrand pour la présidence du Conseil constitutionnel. Cet ancien député du Finistère, de 2012 à 2022, est un proche allié du président et l’a soutenu dès ses débuts, quittant le Parti socialiste en 2017 pour le rejoindre. Âgé de 62 ans, il a occupé divers rôles politiques, dont ceux de conseiller régional et départemental, ainsi qu’un bref passage comme ministre de la Cohésion des territoires de mai à juin 2017.
Président de l’Assemblée nationale entre 2018 et 2022, Ferrand a été battu de manière inattendue par la gauche aux législatives de 2022, après quoi il s’était retiré officiellement de la politique pour créer sa propre société de conseil. Toutefois, il a maintenu des liens étroits avec l’Elysée.
Sa nomination, attendue depuis plusieurs mois, reçoit une opposition de certaines forces politiques en raison de l’affaire des Mutuelles de Bretagne, clôturée par prescription en 2022 par la Cour de cassation. Cette fonction représente un legs pour Macron, puisque Ferrand resterait en poste jusqu’en 2034, au-delà de la présidence de Macron.
Laurence Vichnievsky, l’ancienne magistrate
L’ancienne députée MoDem du Puy-de-Dôme, Laurence Vichnievsky, a été choisie par Yaël Braun-Pivet. Âgée de 70 ans, elle a une carrière de juge d’instruction, travaillant aux côtés d’Eva Joly sur l’affaire Elf et celle des frégates de Taïwan dans les années 1980. En 2010, elle rejoint Europe Ecologie-Les Verts et devient tête de liste pour les régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur la même année.
Elle est nommée porte-parole du mouvement en 2011, mais quitte ce rôle quelques mois plus tard. Candidate aux législatives de 2012 à Marseille, elle n’a pas été élue. En 2013, elle fonde avec Chantal Jouanno un groupe de réflexion, Ecolo Ethik, promouvant la croissance pour contrer le réchauffement climatique. Elle se rallie finalement au MoDem en 2015 et est élue députée en 2017, réélue en 2022 avant de perdre son siège en 2024 face à l’écologiste Nicolas Bonnet.
Philippe Bas, un pilier des Républicains
Gérard Larcher a proposé un sénateur issu de sa famille politique. Philippe Bas, membre des Républicains, âgé de 66 ans, est sénateur de la Manche depuis 2011 et conseiller départemental depuis 2008. Diplômé de Sciences Po Paris et de l’ENA, Bas a été président de la commission des lois de 2014 à 2020.
Il a occupé auparavant le poste de secrétaire général de l’Elysée sous Jacques Chirac et a brièvement été ministre de la Santé pendant un mois dans le gouvernement de Dominique de Villepin, après avoir été ministre délégué chargé de la Sécurité sociale.
En septembre 2018, Bas a été sur le devant de la scène en tant que président de la commission d’enquête sénatoriale sur l’affaire Alexandre Benalla. Ce dernier l’avait alors surnommé « petit marquis » avant de s’excuser. Catholique pratiquant, Bas a soutenu l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution en 2024.