Le sixième ouvrage de l’écrivain Mathieu Menegaux s’intéresse profondément aux thèmes de « la justice et les bouleversements de vie ».
Mathieu Menegaux a connu le succès avec son premier livre, Je me suis tue. Par la suite, il a écrit Un fils parfait, qui lui a valu le prix Claude Chabrol du roman noir en 2017, suivi de Est-ce ainsi que les hommes jugent, récompensé par le prix Yourcenar en 2018. Il a ensuite publié Disparaître et Femmes en colère. Voici son sixième ouvrage, tout juste publié chez Grasset : Impardonnable. Dans ce livre, tout comme dans ses précédents, Menegaux s’intéresse aux rouages de la justice et aux vies qui se retrouvent bouleversées.
Une histoire à deux voix
Impardonnable se construit autour de deux narrateurs. La première voix est celle d’Anna, une mère dont la fille adolescente, Lucie, a été percutée par un conducteur qui a pris la fuite, la laissant grièvement blessée sur le bas-côté. La seconde voix appartient à Paul, un individu visiblement irréprochable, avec une vie bien réglée, un emploi stable, et une famille aimante. Cependant, après avoir bu lors d’une soirée, il prend le volant, percute mortellement un jeune sur un scooter, et s’enfuit.
Paul est condamné à sept ans de prison, la peine maximale dans son cas. Anna, qui espérait que la punition du chauffard lui apporterait du réconfort, ne ressent finalement aucun soulagement. Tant Paul, rongé par la culpabilité derrière les barreaux, qu’Anna, étreinte par la douleur et la colère, vivent chacun un isolement intérieur. Lorsqu’on entend l’histoire d’Anna, notre cœur saigne pour elle; cependant, Menegaux parvient à susciter une certaine empathie pour Paul :
« Dans le châtiment subi par Paul, il y a un manque de signification, et nous arrive de penser que cela pourrait aussi nous arriver. Comment réagirais-je, que ferais-je alors ? Ce qui compte vraiment, c’est de discerner un monstre d’un homme qui a commis un acte monstrueux, comme l’affirmait Badinter. Nous pouvons croire en la rédemption de chacun à un moment donné. Toute l’idée du roman réside dans le fait que l’acte doit être puni, mais cet acte ne suffit pas à faire de l’homme un paria de la société. »
Embrasser la justice restaurative
Se reconstruire, comme le suggère l’auteur, peut passer par une autre approche du droit : la justice restaurative. Celle-ci permet à victimes et auteurs de délits de se rencontrer pour s’exprimer et se libérer de leur fardeau émotionnel par la parole. Pour comprendre comment et pourquoi Anna et Paul se retrouvent finalement en face à face, il vous faudra plonger dans ce roman émouvant qui soulève des questions profondes sur notre système judiciaire.

Pour écouter l’entretien avec Mathieu Menegaux (14 minutes), retrouvez le lien en haut de cette page sur 42mag.fr.fr