En réponse à l’augmentation des dangers depuis le début du conflit en Ukraine il y a trois ans, la France prévoit, d’ici 2030, de porter le nombre de ses réservistes à 80 000, tel qu’indiqué dans la dernière loi de programmation militaire.
Ce lundi 24 février, Emmanuel Macron est en déplacement à Washington pour s’entretenir avec Donald Trump au sujet de l’Ukraine. Le président français compte présenter à son homologue américain des « suggestions pour intervenir » afin de contrer la « menace russe » en Europe et assurer une « paix durable » en Ukraine.
Parallèlement, tandis que le gouvernement tire la sonnette d’alarme face à un « risque de tension » en Europe, Emmanuel Macron cherche à mobiliser davantage de jeunes volontaires pour intégrer la réserve militaire. La France s’est donnée pour objectif d’atteindre 80 000 réservistes d’ici 2030, conformément à la récente loi de programmation militaire. Certains jeunes, comme Julien*, rencontrés par 42mag.fr, ont fait le choix de s’engager avant même l’escalade du conflit en Ukraine.
« C’est satisfaisant de dire qu’on sert sa nation »
Dans la chambre de Julien, une médaille de réserviste de l’armée de terre est fièrement exposée. « C’est satisfaisant de dire qu’on sert sa nation », affirme avec fierté ce jeune homme de 24 ans, gestionnaire d’un restaurant rapide dans le sud de la France, réserviste depuis 2021. Il se souvient : « Les attentats de Charlie Hebdo ont vraiment été un déclencheur pour moi. Voir les forces d’intervention à l’écran a éveillé en moi un sentiment de patriotisme », raconte-t-il.
La situation en Ukraine a renforcé sa détermination. « Je me dis que c’est à notre seuil. La Seconde Guerre mondiale a aussi commencé à l’est. Il faut savoir être prêt », réfléchit-il.
Trouver un équilibre entre travail et engagement militaire
Julien consacre plus d’un mois par an à ses engagements de garde et aux patrouilles Sentinelle, exclusivement en France. En moyenne, il perçoit 50 euros par jour, somme non imposable.
Toutefois, jongler entre vie professionnelle et missions de réserve n’est pas toujours aisé, comme en témoigne Rose. Enrôlée à 27 ans, elle est maintenant hôtesse de l’air. « Mon emploi m’a momentanément éloignée de la réserve. Les missions ne coïncident jamais avec mes disponibilités. J’aimerais beaucoup y retourner, mais c’est difficile en raison de mon emploi qui me laisse peu de week-ends libres », confie-t-elle.
Malgré cela, Rose continue de s’entraîner et est fière de son statut de réserviste, au point d’avoir partagé une vidéo sur TikTok à ce sujet. « Je ne m’attendais pas à un tel intérêt. Beaucoup de jeunes m’ont contactée en disant ‘J’ai 18 ans, comment m’engager ? Puis-je le faire malgré mes études ?' », explique-t-elle.
Les réservistes gagnent en nombre, avec une hausse de 10% en un an
Les moins de 30 ans constituent presque la moitié de la réserve militaire de l’armée de terre, selon le colonel Rémy*, et 20% d’entre eux sont des étudiants. « Historiquement, nous avons toujours eu de nombreux étudiants parce qu’être dans la réserve permet d’obtenir un complément de revenu pour financer leurs études », observe-t-il.
Cependant, le revenu n’est pas la seule motivation des réservistes dont les effectifs ont progressé de 10% sur l’année écoulée. Plus de 26 000 individus sont actuellement engagés. « Je n’ai pas de données objectives pour dire que c’est dû à la guerre en Ukraine. Ce qui est sûr, c’est que 50% des réservistes s’engagent par patriotisme ou pour protéger la nation. Il y a clairement un lien avec les questions de sécurité nationale », analyse-t-il.
*nom modifié