Les yeux sont tournés vers l’élection présidentielle de 2027, tant du côté de Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez sur la droite, que du camp de Gérald Darmanin qui ressuscite la proposition d’une primaire pour le bloc central. Chacun prépare ses stratégies en prévision de cette échéance politique majeure.
La politique française est secouée par une épidémie que l’on pourrait appeler la «présidentialite», une obsession pour la présidence qui semble irrésistible. À l’image de la fable de La Fontaine, « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés », la plupart de nos responsables politiques semblent affectés par cette condition devenue chronique. Le dernier à en être touché est Bruno Retailleau, qui a révélé le mercredi 12 février sa candidature à la présidence des Républicains. Il affirme vouloir apporter à son parti la même énergie qu’à son ministère et, implicitement, à terme, briguer la magistrature suprême. Il y a encore peu de temps, Bruno Retailleau était méconnu du grand public; seuls les politiciens et les journalistes avertis tenaient compte de ses interventions en tant que président du groupe LR au Sénat. Pourtant, quelques annonces audacieuses au ministère de l’Intérieur, une montée en popularité, et voilà qu’il s’imagine déjà un avenir présidentiel.
Cette annonce réanime le conflit des chefs au sein de la droite française, une autre sorte de fléau ou rétrovirus qui affecte le camp conservateur depuis une cinquantaine d’années, depuis la confrontation entre Giscard et Chirac. Tous leurs héritiers ont conservé cette tradition de rivalité. Face à Bruno Retailleau, on trouve donc Laurent Wauquiez, un autre aspirant habité par la «présidentialite», mais qui suit un parcours différent: depuis dix ans, il ne cache pas ses ambitions pour l’Élysée, cependant peu, même dans son propre camp, semblent partager sa confiance. Son indice de popularité reste atone, mais cela ne le dissuade pas de poursuivre sans relâche.
Presque tous les partis affectés
La «présidentialite» n’épargne aucunement le centre politique. Rien qu’au cours de cette semaine, Gérald Darmanin a demandé une primaire et s’est déclaré prêt à s’engager « d’une manière ou d’une autre » dans la course présidentielle. En parallèle, Gabriel Attal critique l’«obsession présidentielle» de ses rivaux, tout en se démarquant dans le débat sur la justice pour mineurs, espérant se positionner parmi les futurs candidats. Édouard Philippe, quant à lui, commence à s’écarter de l’équipe gouvernementale autour de François Bayrou, prédisant que « rien de décisif ne se fera avant 2027 ». Même Jean-Luc Mélenchon, qui se prononce en faveur d’une VIe République, semble lui aussi aspirer au pouvoir suprême, déterminé à se présenter pour la quatrième fois.
Il reste encore 26 mois avant la prochaine élection présidentielle! Cela semble interminable, d’autant plus que le pays traverse une période d’instabilité politique, sans majorité parlementaire, avec des finances publiques exsangues, face à la poussée offensive de Poutine en Ukraine et les bouleversements causés par Trump à l’échelle mondiale. Mercredi, les discussions tournaient autour d’une enquête approfondie du Cevipof illustrant le profond malaise démocratique en France, où la confiance dans la politique et ceux qui la conduisent est en crise. Peut-être que la «présidentialite» y contribue-t-elle en partie.