La proposition de loi relative à l’orientation agricole vise à faire de l’agriculture une priorité d’importance nationale, avec pour objectif de restaurer la capacité de la France à être indépendante sur le plan alimentaire. Cependant, un rapport rendu public ce lundi souligne que l’accent est mis avant tout sur les exportations.
La France et le choix de l’autosuffisance alimentaire
Coline Sovran, membre de l’organisation Terre de Liens, s’inquiète de la situation alimentaire de la France. Fondé il y a deux décennies, ce mouvement vise à encourager l’installation d’agriculteurs biologiques. Le lundi 17 février, ils ont révélé un rapport détaillant la souveraineté alimentaire dans le pays. Sovran souligne un paradoxe notable : la France dispose de 28 millions d’hectares de terres agricoles, suffisantes pour nourrir toute sa population. Pourtant, huit millions de personnes connaissent l’insécurité alimentaire, tandis que de nombreux agriculteurs peinent à tirer un revenu de leur activité.
Exportations : un choix contesté
L’association explique cette situation par la priorité donnée aux exportations, en particulier des céréales et du vin. Cette orientation a relégué la France du deuxième au sixième rang mondial en 2022. « Près de la moitié des terres agricoles françaises, soit 43%, sont destinées à l’export », indique Sovran. La consommation intérieure est de plus en plus orientée vers les produits alimentaires transformés, dont beaucoup de composants sont importés. Ainsi, la France importe désormais un poulet sur deux, 40% de ses fruits et environ un tiers de ses légumes.
Une dépendance croissante
Philippe Pointereau, agronome et chef de Terre de Liens, souligne la dépendance du pays envers les marchés mondiaux. « La dépendance à ces marchés montre que notre souveraineté est déjà compromise », affirme-t-il. « Nous observons chaque jour une érosion de notre capacité à produire et consommer localement. »
Des perspectives incertaines
Pointereau ne trouve pas l’actuel débat parlementaire sur la souveraineté alimentaire rassurant. Selon lui, il risque de détériorer encore la situation puisqu’il ne remet pas en question le système actuel. Les sénateurs ont récemment achevé l’examen du projet de loi sur l’orientation agricole, très attendu, et un vote est prévu mardi. Son adoption définitive est anticipée juste avant le Salon de l’Agriculture, qui débutera samedi 22 février.