Le ministre de la Justice refuse catégoriquement de permettre l’utilisation des téléphones portables de manière généralisée. De même, il s’oppose à l’idée de proposer des massages et des soins esthétiques aux détenus ayant des opinions radicales. Cependant, il admet volontiers que le système est loin d’être performant en matière de réhabilitation.
« Je vais prêter attention aux conclusions de madame Simonnot, mais cela ne doit pas non plus être interprété comme une reddition, » a déclaré mercredi 19 février sur France Inter Gérald Darmanin, ministre de la Justice. L’idée d’interdire « de manière globale et absolue » les téléphones portables en prison est considérée comme « peu réalisable » par la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté dans un rapport publié au Journal officiel. Elle critique aussi le fonctionnement payant des téléphones fixes.
« Si madame Simonnot nous suggère de modifier notre système, elle a tout à fait raison, et je vais prendre en compte ses recommandations. Toutefois, il ne faut pas adopter un discours de capitulation et permettre l’utilisation des portables sans restrictions partout, » répond le ministre de la Justice.
La contrôleure générale a de plus exprimé ses réserves lors de son passage sur France Inter mercredi matin à propos de l’intention du ministre d’interdire les « activités récréatives » en prison. « Ce que j’affirme, c’est qu’il est inapproprié d’offrir des massages et des soins de beauté aux détenus radicalisés, » se défend Gérald Darmanin, tout en soutenant des « activités éducatives, d’apprentissage du français et de réintégration. »
Adapter le milieu carcéral selon le profil des détenus
« En revanche, ce que nous devons améliorer en France, c’est la réinsertion des personnes à la fin de leur peine, car nos résultats en matière de récidive sont insuffisants, » déclare le ministre. « Il s’agit d’une problématique majeure que la France n’a pas encore résolue de façon satisfaisante, » déplore-t-il. Par ailleurs, la surpopulation dans certaines prisons est aussi qualifiée par lui comme « une honte pour la République, un calvaire pour le personnel pénitentiaire et les détenus. »
Le ministre attire l’attention sur la longueur « excessive » des délais avant le déroulement d’un procès et l’énoncé d’un jugement. Il plaide pour « la création de nouveaux centres de détention, qui ne ressemblent pas à des prisons traditionnelles avec miradors et barbelés, car il n’est pas nécessaire que tous les détenus soient placés dans des environnements strictement carcéraux. Il est important aussi de différencier certaines personnes incarcérées qui n’ont pas leur place en prison, » explique-t-il, faisant référence à « 25% d’étrangers » et « 20 à 30% de personnes souffrant de troubles mentaux. » « L’indignité en France réside également dans le fait que nous enfermons des personnes atteintes de maladies mentales, qui devraient être traitées dans des hôpitaux psychiatriques, et non en prison. »
« Il est nécessaire de construire une prison de haute sécurité pour les narcotrafiquants les plus dangereux, et de créer des environnements plus humanisés pour ceux qui ne représentent pas une menace pour la société. Dès le mois de juillet, nous allons mettre cela en place, » conclut-il.