L’ancien chef d’État estime que Vladimir Poutine ne voudra accepter un cessez-le-feu que lorsqu’il aura la certitude d’avoir un avantage stratégique.
« La nouvelle donne, c’est Donald Trump. Désormais, les États-Unis semblent pencher en faveur de Poutine et estiment que l’Ukraine devrait renoncer à certaines portions de son territoire, incluant même des terres rares », déclare François Hollande, ancien président de la République, le 13 mars sur 42mag.fr. Il compare la situation actuelle à celle qui prévalait avant les accords de Minsk.
« Il y a une décennie, les États-Unis ne participaient pas activement aux négociations mais apportaient un soutien solide à l’Ukraine et à nos démarches pour instaurer un cessez-le-feu, et éventuellement un traité de paix. Vladimir Poutine redoutait alors un isolement international et des sanctions affectant son économie. Il s’était donc engagé dans des pourparlers pensant pouvoir y trouver son compte », explique François Hollande, soulignant que « le rapport de force a évolué ».
L’affrontement avec Zelensky, une preuve de faiblesse de Trump
Durant une rencontre début mars entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, le président américain a déclaré à son homologue ukrainien qu’il ne détenait pas « toutes les cartes », une affirmation que François Hollande juge « cruciale ». « La façon dont Trump a traité Zelensky n’était en rien un moyen de favoriser la position de l’Ukraine dans les discussions », commente-t-il. Il ajoute que, selon lui, « c’est un signe de faiblesse de la part de l’Ukraine, ce qui a mis Poutine en position de force, et ce dernier l’a bien compris. »
« Poutine attend désormais le moment où il sera remis au centre des négociations, ce qui lui permettra de revendiquer que son invasion est légitimée, qu’il a annexé des territoires, une partie de l’Ukraine, et qu’il se prépare pour l’avenir. »
François Hollandeà 42mag.fr
François Hollande insiste sur l’importance de fournir des assurances de sécurité à l’Ukraine, « afin que Vladimir Poutine ne puisse réitérer ses actions. Jusqu’à l’ère Trump, les États-Unis semblaient impliqués dans la sécurité de l’Ukraine », tandis qu’aujourd’hui, les propos de Trump laissent François Hollande penser que l’armée américaine pourrait ne pas être présente en cas de trêve. D’après lui, « probablement, des forces de maintien de la paix ou européennes seront chargées de garantir la sécurité de l’Ukraine. »
« Les Européens doivent se réorganiser face à cela »
Face à la menace russe, « qui incite à des décisions au niveau européen et national, c’est le retrait de Donald Trump sur la sécurité européenne qui est à noter. L’Alliance atlantique est confrontée à cette nouvelle situation où son acteur principal n’est plus aussi engagé dans notre défense et notre indépendance sécuritaire. Cela justifie que les Européens envisagent une nouvelle organisation », avance François Hollande.
Selon lui, Vladimir Poutine aspire à « se retrouver en position favorable lorsque des pourparlers seront possibles, montrant sa suprématie militaire et conquérant le plus de localités possible pour, à terme, prétendre à une trêve. Il souhaite également parvenir à un accord de paix qui n’en soit pas un véritable, mais plutôt un conflit gelé, à l’image des accords de Minsk. Il n’acceptera un cessez-le-feu que lorsqu’il se jugera en position favorable, ce qu’il tente d’affirmer à travers son apparence militaire. »