Lundi, un verdict sera rendu concernant Marine Le Pen dans le cadre du procès relatif à l’affaire de détournement de fonds publics de l’Union européenne, qui implique le Rassemblement national. Le parti est accusé d’avoir utilisé des fonds du Parlement européen pour salarier des assistants parlementaires, lesquels auraient en réalité exercé des fonctions pour le Front National entre 2004 et 2016.
La chef de file des députés du Rassemblement National (RN) joue sa carrière politique dans cette affaire. Elle pourrait, entre autres, être empêchée de participer à la prochaine élection présidentielle prévue pour 2027 : elle risque cinq ans de prison dont deux avec sursis, ainsi qu’une amende de 300 000 euros, en plus de cinq ans d’inéligibilité.
Le verdict qui sera rendu le lundi 31 mars mettra fin à plusieurs mois d’attente pour le RN, qui affiche pourtant une façade de calme. Marine Le Pen, principale intéressée, confie en privé que ce procès ne l’empêche pas de dormir. « Je n’y pense pas du tout », glissait-elle mercredi aux journalistes du Figaro, ajoutant que « la peur n’élimine pas le danger. Je ne vois pas l’intérêt de m’inquiéter prématurément. » Interrogée dimanche par La Tribune Dimanche, Marine Le Pen ne se qualifie pas de « fébrile », bien qu’elle « comprenne que certains le soient, car « avec les décisions exécutoires, les juges peuvent avoir un impact énorme sur [son] mouvement. » Elle n’hésite pas à parler d’un potentiel « scandale du siècle. »
« Elle est comme ça, plutôt du genre stoïque. En tout cas, pas du genre à anticiper les problèmes trois mois à l’avance. »
Un proche de Marine Le Penà 42mag.fr
Conséquence, affirment plusieurs lieutenants de la députée du Pas-de-Calais : aucune réunion n’a été calée en interne pour discuter des répercussions d’une possible condamnation. « On l’a sollicitée plusieurs fois pour discuter du sujet, elle nous rembarre à chaque tentative », explique un participant assidu des réunions stratégiques, qui adopte une approche philosophique : « Si notre leader reste sereine, il n’y a pas de raison de s’agiter. »
Calme apparent, inquiétudes sous-jacentes
Bien que l’on ne manifeste pas d’inquiétude en surface, certains députés avouent ressentir une certaine anxiété. « Je n’arrive pas à concevoir que nous puissions perdre notre candidate à la présidentielle », murmure une élue des Hauts-de-France. Un autre député doute de la capacité de Jordan Bardella à relever le défi si Marine Le Pen se voyait empêchée : « Il a déjà du mal à se glisser dans les habits de potentiel Premier ministre, alors pour endosser ceux de présidentiable… C’est une tout autre responsabilité ! «
Le RN se rassure donc comme il peut à la veille de ce verdict tant attendu : « Nous ne sommes pas à l’abri d’une bonne surprise, » espère un député très visible médiatiquement. « Au moins, après le jugement, vous cesserez de nous poser machinalement les mêmes questions sur l’avenir de Marine Le Pen !»
Cependant, l’affaire ne trouvera probablement pas son épilogue dès demain, ni après-demain, car Marine Le Pen a déjà annoncé qu’elle ferait très probablement appel de la décision, sauf dans le cas peu probable, selon elle, d’une relaxe.