Anne Hidalgo a déjà déclaré qu’elle ne donnera pas son appui à son ex-premier adjoint en cas de victoire de ce dernier à la primaire socialiste pour les élections municipales à Paris. Du côté de la droite, la bataille pour la présidence du parti entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau est également marquée par des rivalités acerbes.
Les primaires représentent-elles l’avenir des partis politiques ou au contraire, sont-elles le signe de leur déclin ? Cette interrogation persiste à droite depuis que François Fillon a échoué en 2017. Ce même doute envahit le Parti socialiste après l’échec retentissant de Benoît Hamon la même année. Avec la déclaration d’Anne Hidalgo ce jeudi 13 mars, le procédé des primaires se voit de nouveau ébranlé. En effet, la maire de Paris a annoncé qu’elle ne soutiendrait pas son ancien premier adjoint, le député Emmanuel Grégoire, même s’il devait remporter la primaire du PS pour les élections municipales prévues en mars 2026, face à Rémi Féraud, le sénateur qu’elle a choisi pour lui succéder. On sait bien que dans le milieu politique, la rancune est souvent intense, et Anne Hidalgo et Emmanuel Grégoire ne sont en froid depuis un certain temps.
Il est déjà arrivé qu’un camp défait ne respecte pas le résultat des primaires. Cependant, c’est inédit qu’une personnalité aussi importante l’annonce aussi ouvertement avant même les résultats. En 2017, par exemple, Manuel Valls avait attendu d’être devancé par Benoît Hamon avant de se détourner de son engagement et de rallier Emmanuel Macron. La même année, des figures de droite comme Bruno Le Maire et Gérald Darmanin avaient pris leurs distances avec François Fillon seulement après qu’il ait été rattrapé par des scandales de détournement de fonds publics, affaire pour laquelle il a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis.
Bien qu’Anne Hidalgo ne soit pas candidate, elle innove en déclarant à l’avance qu’elle ne suivra pas les règles établies avant même le début de la compétition, ce qui donne une impression de mauvais joueur. Quant à savoir si Rémi Féraud suivra le même chemin en cas d’échec, la question reste en suspens, mais cette déclaration souligne davantage la perte de crédibilité des partis.
Les primaires, un mécanisme dont l’efficacité est de plus en plus contestée
Pourquoi organiser une compétition interne si d’avance on invalide le résultat potentiel ? Les partis sont-ils encore de véritables véhicules de la démocratie pour sélectionner des leaders ? Ce doute s’affirme face à la rivalité entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau à droite, qui s’accompagne de manœuvres douteuses et d’une augmentation suspecte du nombre de cartes de membres. Rien de surprenant vous diront certains : souvenez-vous qu’en 2022, un chien nommé Douglas avait participé au vote pour Valérie Pécresse à la primaire de la droite. Le Parti socialiste lui-même n’est pas exempt de ces travers, comme en a témoigné leur dernier congrès en janvier 2023, et peut-être encore à venir en juin.
Finalement, ce qui est le plus consternant, c’est de voir ces partis démocratiques incapables de respecter une règle commune, alors que d’autres, plus populistes, défient sans retenue les fondements mêmes de nos démocraties, tant en France qu’à l’étranger.