Lors de cette rencontre au ministère des Armées, les participants disposent d’un espace où ils peuvent poser des questions sans retenue. Cependant, en arrière-plan, l’organisation de ce rendez-vous a été plus complexe qu’il n’y paraît.
Dans un climat de tensions internationales, un événement inédit se prépare pour le jeudi 13 mars, dans l’après-midi : tous les dirigeants des groupes politiques parlementaires sont invités au ministère des Armées pour une séance d’information concernant « la situation en Ukraine et la sécurité en Europe« . Dans une interview accordée à La Tribune Dimanche, Sébastien Lecornu a souligné le week-end précédent l’importance d’améliorer le niveau d’information des groupes parlementaires. « Je souhaite établir un cadre où les responsables politiques, sans téléphone portable, peuvent poser librement des questions à ceux qui gèrent ces problématiques« , a-t-il expliqué.
Initialement, l’invitation était adressée aux dirigeants de groupes à l’Assemblée, au Sénat et au Parlement européen par le ministre Sébastien Lecornu, mais c’est finalement le Premier ministre qui en assurera la présidence. Les invités ont été déconcertés : ils ont reçu le vendredi 7 mars un premier carton d’invitation pour une réunion à Balard signé par le ministre des Armées.
« Jardin réservé de Lecornu »
Cependant, trois jours plus tard, une nouvelle invitation pour la même rencontre, au même emplacement, arrive mais cette fois-ci sous la présidence de François Bayrou. Entre-temps, le chef du gouvernement s’est entretenu avec son ministre pour clarifier que c’est au Premier ministre de présider de telles réunions afin de tenir les parlementaires informés des points les plus délicats du dossier ukrainien et des implications pour la défense nationale.
« Cette décision a été prise de manière conjointe. Le Premier ministre travaille en coordination avec ses ministres« , affirme l’entourage du responsable béarnais. Toutefois, un proche de Sébastien Lecornu se montre agacé par la situation : « Tout cela ne correspond pas à l’importance des enjeux« . En vérité, celui qui fut pressenti pour être nommé Premier ministre a l’habitude de se rapporter directement au président, avec qui il entretient des liens étroits. Comme l’a remarqué une collègue ministre : « Bayrou ferait mieux de ne pas empiéter sur le territoire de Lecornu, il risque de se faire mal face à un ministre en poste depuis trois ans !«
Cette rencontre survient juste après que les députés ont adopté une résolution visant à renforcer le soutien à l’Ukraine, incluant entre autres un appel à la saisie des avoirs russes gelés, une mesure à laquelle le gouvernement s’oppose.