Les discussions ont eu lieu en présence d’Omelchenko Vadym, qui est l’ambassadeur de l’Ukraine en France, installé dans la tribune.
Réunis pour exprimer leur soutien commun à Kiev, les députés ont étalé lundi 3 mars leurs divergences stratégiques à l’Assemblée nationale concernant la politique de défense française et européenne, les questions de financement, ainsi que l’adhésion de l’Ukraine à l’UE et à l’Otan. Le sujet fera également l’objet de discussions parmi les sénateurs le mardi suivant.
La présence dans l’enceinte de l’Assemblée d’Omelchenko Vadym, ambassadeur ukrainien en France, a été unanimement saluée par les députés. Cependant, les élus du parti de Marine Le Pen et de Laurent Wauquiez se sont abstenus d’applaudir lorsque François Bayrou a critiqué le comportement de Donald Trump qu’il a qualifié de vouloir rabaisser le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de leur rencontre à la Maison Blanche. Marine Le Pen a qualifié l’incident d’interaction « relativement normale », soulignant que le « chemin vers la paix » était semé d’embûches et de difficultés.
En réponse aux paroles du Premier ministre François Bayrou, qui a décrit l’Union européenne (UE) comme « la seule voie et stratégie envisageable », Marine Le Pen, leader des députés du Rassemblement national, a exprimé son opposition résolue à toute idée de défense européenne qu’elle juge illusoire, notamment du fait de la dissuasion nucléaire, une compétence unique de la France au sein de l’UE. Elle a plaidé pour un soutien à l’Ukraine basé sur le « réalisme ». Selon Paul Christophe, chef des députés Horizons, coalition d’Édouard Philippe, l’extrême droite est la seule faction politique à soutenir l’attitude méprisante de Donald Trump.
« L’Europe a trop compté sur les États-Unis »
L’ancien Premier ministre Gabriel Attal, aujourd’hui à la tête du groupe Ensemble pour la République, a insisté sur la nécessité de « hâter le processus d’intégration de l’Ukraine à l’UE », y voyant une solution pour affronter les futurs dialogues avec d’autres nations. Il a également suggéré la mise en place de « clauses de sauvegarde » pour protéger l’agriculture européenne des conséquences d’une compétition accrue avec l’Ukraine, et a proposé de réévaluer « la posture de la France à l’égard des avoirs russes gelés », pour les réorienter vers une aide à l’Ukraine. Boris Vallaud, chef des députés socialistes, a également proposé de saisir les « 200 milliards d’avoirs russes gelés » conservés par les banques européennes.
Pour Michel Herbillon de la Droite républicaine, il est crucial de planifier l’augmentation du budget de défense à 3,5% dans l’éventualité d’un retrait américain de la scène stratégique européenne. Il a également plaidé en faveur d’une « réorientation massive » vers la production matérielle européenne, à un moment où « près des deux tiers des acquisitions européennes dans le domaine de la défense proviennent de fabricants américains ». Mais Aurélien Saintoul, représentant La France insoumise, a rejeté ces débats qu’il qualifie « d’absurdes lorsque considérés de manière isolée », et a mis en lumière la situation de « dépendance critique » de la France vis-à-vis des États-Unis.
Cyrielle Chatelain, représentante écologiste, a appelé l’Union européenne à « s’imposer ». « L’Europe a trop compté sur les États-Unis », a-t-elle déclaré, plaidant pour que l’UE s’affirme en tant que « puissance politique et militaire ». Elle a également mentionné que, « pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la peur d’un conflit armé envahit nos esprits ».