Alain Esquerre, le représentant des victimes de Bétharram, a critiqué le manque d’initiative citoyenne en affirmant que sans une mobilisation active des citoyens pour agir de manière décisive, le système, qui fonctionne parfaitement bien, continuera à opérer sans changement.
Le jeudi 20 mars, des porte-paroles de victimes de violence dans les institutions catholiques ont exprimé leur indignation devant une commission d’enquête à l’Assemblée nationale, soulignant l’“omerta” entretenue par l’Église et l’État sur ces questions, dont l’ampleur est apparue au grand jour après le scandale de Bétharram. Le porte-parole des victimes de cette affaire, Alain Esquerre, a vivement critiqué à l’Assemblée nationale “les dysfonctionnements de l’État”, en déclarant que, “sans l’intervention décisive de citoyens courageux, la machine bien rodée continuerait à fonctionner sans heurts. Et le ‘pas de vagues’ demeurera jusqu’en 2025, au profit de l’institution”.
Ces déclarations ont été émises lors d’une table ronde rassemblant divers représentants de collectifs de victimes, organisée dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire axée sur les violences en milieu scolaire, instaurée suite au scandale de Bétharram. Alain Esquerre devait aussi rencontrer la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, ce même jeudi après-midi. “Je dispose de 180 plaintes, mais au-delà de ces cas officiels, les témoignages affluent en grand nombre”, a-t-il indiqué. Il a insisté : “Il est urgent de prendre des mesures. J’ai des suggestions à formuler… Nous envisageons de créer une entité nationale dédiée à la prévention et à la supervision des établissements éducatifs”.
“Un contrôle inefficace”
Bernard Lafitte, qui représente les victimes de Notre-Dame du Sacré-Cœur, aussi connue sous le nom de Cendrillon à Dax (Landes), a déclaré que “ce qui est inacceptable, c’est qu’en ce moment, les instances ecclésiastiques ignorent notre douloureuse expérience et restent passives”.
“Notre intention n’est pas de fragiliser une institution, mais bien de dénoncer des agresseurs”, affirme Bernard Lafitte (Collectif des victimes de Notre-Dame du Sacré-Cœur de Dax). “Nous sommes les victimes. Ce sont les prêtres qui causent du tort à l’Église, pas nous.” #Bétharram #DirectAN pic.twitter.com/BNVcafPXbv
— LCP (@LCP) 20 mars 2025
“Bien sûr, certains évêques et responsables diocésains nous écoutent et compatissent, je leur en suis reconnaissant. Cependant, dans leurs discours, ils ont rapidement tendance à penser que nous nous attaquons à l’Église et à ses prêtres”, a-t-il poursuivi. “Il est impératif de ne pas confondre notre bataille”.
“La loi du silence demeure la norme dans tous les établissements privés catholiques. Il est vital de préserver l’image de l’école”, a souligné Constance Bertrand, ancienne élève de l’Institution Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) entre 1994 et 1998. Face à ce contexte, d’anciens élèves ont lancé début mars un groupe Facebook pour libérer la parole des victimes.
“Je ne souhaite pas que l’on se contente de dire ‘c’était une autre époque’. Ce n’est pas une excuse valable”, réagit Constance Bertrand (Collectif des victimes de Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine), dénonçant “le manque de courage des adultes de l’époque”. #Bétharram #DirectAN pic.twitter.com/45R29vlJFa
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Elle a raconté comment, lorsque des violences ont été signalées, “les parents ont élevé la voix, mais la direction a fait la sourde oreille, et le contrôle mené n’a servi strictement à rien.” Constance Bertrand a exprimé avec force : “Je vous implore, ne laissez pas ce sujet sombrer dans l’oubli”, s’adressant ainsi aux députés.