Très vite, jeudi, de nombreux responsables politiques se sont exprimés à la suite de la tragédie survenue au sein du collège-lycée privé Notre-Dame de Toutes-Aides.
L’horreur frappe de plein fouet. Suite à l’agression au couteau survenue dans un établissement scolaire privé à Nantes, entraînant la mort d’une personne et blessant trois autres, les forces de l’ordre s’efforcent, ce vendredi 25 avril, de comprendre ce qui a motivé l’acte du principal suspect. Cet adolescent, décrit comme étant en souffrance psychologique, a été admis à l’hôpital jeudi soir après une évaluation psychiatrique. Le procureur Antoine Leroy de la ville de Nantes a prévu une déclaration pour ce soir, à 18h.
L’incident a immédiatement provoqué une cascade de réactions au sein de la sphère politique, révélant des divergences marquées d’opinion. Emmanuel Macron a exprimé ses condoléances, déclarant que « La Nation partage la douleur » des proches des victimes, et a salué la « bravoure » des professeurs ayant contrôlé l’assaillant présumé.
« Sanctuarisation des écoles »
François Bayrou, de son côté, évoque une « profonde émotion » face à ce « drame qui démontre une fois de plus la violence persistante au sein d’une partie de notre jeunesse« . Cette violence « nous pousse à repenser notre système éducatif, les valeurs fondamentales et le respect de la vie« . Il exhorte à un « sursaut collectif, qui dépasse les seules initiatives gouvernementales« .
Quant au Premier ministre, il a exigé « immédiatement » de la ministre de l’Éducation nationale et du ministre de l’Intérieur un renforcement des mesures de sécurité autour et à l’intérieur des établissements scolaires. Il a également demandé que des suggestions « précises en termes de prévention, de réglementation et de sanction » lui soient présentées « dans les quatre prochaines semaines« , dans le but de limiter les agressions commises par les jeunes armés de couteaux. Ce faisant, il rouvre le débat sur l’installation de portiques de sécurité : « C’est une option envisageable. Tout ce qui vise à faire des écoles des sanctuaires doit être considéré. Les écoles ne sont pas des espaces publics, et il est regrettable que nous ressassions toujours les mêmes paroles à chaque incident« .
« Une société marquée par le laxisme »
De son côté, le ministre de l’Intérieur parle d’ »ensauvagement » : « Ce n’est pas un simple fait divers, mais bien un indicateur social, » affirme-t-il. « Nous évoluons dans une société qui a toléré une forme de laisser-aller, engendrant ce climat de violence. Nous nous dirigeons vers une société sauvage. La reconstruction de l’autorité est impérative, et cela nous interpelle tous collectivement. Il faut rebâtir les fondements de l’autorité et rétablir des ordres de priorité, » estime Bruno Retailleau. « Une brutalité désormais palpable même chez les plus jeunes, » poursuit-il.
Bruno Retailleau se dit « terrifié par cet éclatement de violences » et « secoué par cette sauvagerie« . Il affirme que « nous ne pouvons accepter que des lieux dédiés à l’éducation deviennent des scènes de violence, voire de mort« . Selon lui, une cinquantaine d’agents sont assignés à l’enquête et plus de 70 témoignages ont déjà été recueillis.
Marine Le Pen a exprimé sur X sa « stupéfaction » et sa « rage » après l’attaque survenue au collège-lycée privé Notre-Dame de Toutes-Aides : « Il est impératif d’agir pour éliminer cette violence extrême, qui gangrène même nos écoles« , a-t-elle écrit.
La gauche réfute l’idée de « violence chronique »
À gauche, le représentant de La France insoumise évoque cet « événement tragique » en remerciant les « enseignants et les forces de l’ordre intervenus« , ainsi que les « secours qui ont pris en charge les élèves« . Paul Vannier, député LFI et co-auteur d’une enquête parlementaire sur la violence en milieu scolaire privé, se dit « ému » par cette tragédie.
Eric Coquerel, président de la Commission des Finances et député LFI de Seine-Saint-Denis, critique les mots de François Bayrou sur la « violence chronique » au sein d’une « partie de notre jeunesse« . Selon Eric Coquerel, ces termes « stigmatisent » cette jeunesse : « Les statistiques du ministère de l’Intérieur montrent qu’il n’y a pas davantage d’actes violents, mais que ces actes sont perpétrés de manière plus agressive et par des individus plus jeunes« . Selon lui, cette situation pourrait être liée à « la banalisation de la violence visible dans les jeux vidéo ou sur les réseaux sociaux« . Un enseignement pourrait être tiré de cela.
« Il n’est pas temps de faire de la politique »
Johanna Rolland, la maire socialiste de Nantes, répond que l’heure « n’est pas à la politique » : « Je suis dans le rôle de soutien. Oui, des questions se posent, notamment sur la santé mentale des jeunes dans notre pays« .
« Je ne ferai pas de politique ce soir. Je suis la maire de cette ville attristée. La politique viendra plus tard. J’ai observé que certains responsables à l’échelle nationale n’ont même pas pris la peine de venir, préférant commenter sur les réseaux sociaux« , déplore la maire PS, qui insiste sur « la compassion envers cette famille et le soutien aux habitants« .
A l’unisson avec certaines associations de parents d’élèves, l’élue met en avant la nécessité d’aborder la santé mentale chez les jeunes : « Oui, des questions doivent être soulevées« , concède Johanna Rolland. Un avis partagé par Juliette Méadel, ministre de la Ville, qui souligne : « La violence doit être jugulée dès l’enfance, avec un encadrement éducatif et psychologique de grande envergure« .