Les membres du gouvernement en charge de la Justice et de l’Intérieur jouissent d’une grande popularité. Cela démontre une demande élevée de la population concernant les questions de sécurité. Si le gouvernement ne parvient pas à apporter des solutions efficaces et rapides face aux agressions, le manque de confiance envers les autorités pourrait s’intensifier.
Les attaques récentes visant les établissements pénitentiaires en France ont eu des répercussions politiques significatives. Elles représentent un défi de taille pour le ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Indépendamment de l’identité des responsables de ces actes, qu’ils soient liés au trafic de drogue, à des groupes d’extrême-gauche, ou à d’autres factions, c’est une épreuve sans précédent pour un ministre de la Justice en fonction, surtout en tenant compte de la portée et de la coordination de ces attaques. Ces événements semblent également être une réponse à un ministre remarquablement visible et qui adopte une posture de fermeté, multipliant les déclarations audacieuses notamment dans sa bataille contre le narcotrafic. En conséquence, ce n’est pas seulement Gérald Darmanin qui est affecté, mais aussi son partenariat avec le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, mettant ainsi en jeu la crédibilité de l’ensemble du gouvernement.
Ces deux ministres, en charge de la Justice et de l’Intérieur, savourent une popularité notable au sein du gouvernement, obtenant chacun 43 % d’opinions favorables selon le dernier baromètre Ifop pour Paris-Match. Ils devancent de loin leurs collègues tels qu’Élisabeth Borne, Éric Lombard et d’autres, à l’exception notable du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, qui jouit d’une popularité comparable. Il n’est pas anodin que ce trio de membres du gouvernement gère des secteurs clés pour l’État. Cela montre combien le public priorise l’ordre et la sécurité, particulièrement en cette période tumultueuse de tensions géopolitiques, avec un désordre apparent à l’échelle mondiale, la menace russe, les actions imprévisibles de Donald Trump, les conflits commerciaux avec Washington, et leurs répercussions en France sur la croissance, l’emploi et les finances publiques.
Des agressions ciblant la République
Mardi, François Bayrou s’exprimait de façon grave, affirmant qu’avec des niveaux de déficits et de dettes inédits, c’est désormais la « survie » même de notre pays qui « est en jeu« . Dans cette atmosphère d’incertitude, le gouvernement est jugé principalement sur sa capacité à assurer la protection sous toutes ses formes – qu’elle soit sécuritaire, sociale, économique, ou identitaire.
Ceux qui s’en prennent aux infrastructures carcérales en sont bien conscients. S’attaquer aux prisons et à ceux qui y travaillent, en d’autres termes au personnel pénitentiaire, signifie s’en prendre à des fonctionnaires qui incarnent le dernier rempart de l’administration de la justice. Cela revient à défier le fonctionnement de l’État et, par extension, la République elle-même. Le gouvernement doit impérativement identifier et appréhender les coupables le plus rapidement possible. À défaut, la méfiance envers la parole publique risque de s’intensifier, alimentée par les voix populistes qui dénoncent bruyamment une supposée mollesse de « l’État de droit« . Un indicateur inquiétant de cet état d’esprit se retrouve dans le dernier baromètre du Cevipof : 48 % des citoyens considèrent que « rien n’avance en démocratie » et qu’il serait pertinent d’avoir « moins de démocratie et plus d’efficacité« .