Le ministre de l’Intérieur se déplace vers le Maroc, muni d’une liste de citoyens concernés par des obligations de quitter le territoire français (OQTF).
L’année passée, en France, il a été recensé 12 954 Marocains en situation irrégulière, avec seulement 1 658 d’entre eux ayant été effectivement reconduits à la frontière. À titre de comparaison, plus de 33 000 Algériens ont été appréhendés dans des conditions similaires avec un total de 2 999 expulsions opérées, a déclaré ce dimanche 13 avril sur 42mag.fr Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). Actuellement, le ministre de l’Intérieur est en déplacement au Maroc, muni d’une liste de ressortissants soumis à des Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF).
D’après Didier Leschi, « même si l’enjeu avec le Maroc est moins conséquent en proportion par rapport à l’Algérie, il demeure significatif car le Maroc sert de point de transit pour de nombreuses personnes se rendant en Espagne. Parmi les nationalités utilisant ce passage vers l’Espagne, les Algériens sont souvent plus nombreux que les Marocains ».
Les relations avec le Maroc semblent être plus fluides, « surtout que récemment elles se sont considérablement tendues avec l’Algérie à la suite de l’arrestation d’un agent consulaire algérien impliqué dans une affaire d’espionnage, ce qui, hélas, affecte également l’établissement que je dirige », précise le directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégration.
Environ 283 000 visas octroyés annuellement aux Marocains
Bruno Retailleau est actuellement au Maroc pour souligner la qualité des relations avec Rabat et également améliorer l’efficacité des expulsions d’immigrés irréguliers. L’année dernière, 140 000 OQTF ont été émises en France, mais seulement 20 000 ont été exécutées. « Il est essentiel de réagir car des pays comme le Maroc, l’Algérie ou la Tunisie se voient allouer un nombre important de visas chaque année : par exemple, 283 000 visas ont été accordés aux Marocains pour entrer en France, contre 250 000 pour l’Algérie« , détaille Didier Leschi. « Parmi ceux qui viennent en France depuis le Maroc, 30% obtiennent un visa pour des raisons économiques comme des postes d’ingénieurs ou de techniciens, alors que ce chiffre tombe à 9% pour les Algériens ».
« La majorité des Algériens qui viennent en France le font pour des raisons familiales, représentant 54% contre 30% pour ceux provenant du Maroc ».
Didier Leschi, directeur de l’Office français de l’immigration et de l’intégrationsur 42mag.fr
Ces discussions comportent également un aspect « économique », étant donné qu’il y a des « investissements français au Maroc. Quant à la dimension migratoire, elle inclut des compétences spécifiques, avec les Marocains se trouvant parmi les premiers groupes d’étudiants en France, totalisant 45 000 individus, comparativement à 32 000 étudiants algériens ».
Dans l’ensemble, « la majorité des mouvements migratoires vers la France relèvent d’une immigration légale et le fait que le débat public soit souvent axé sur l’immigration illégale influence les perceptions quant à l’intégration. Il est primordial de ne pas ignorer les difficultés que rencontrent certaines personnes en termes de logement et d’accès aux services publics ».