Après des mois marqués par des tensions, Jean-Noël Barrot se rend en Algérie afin de s’entretenir avec son homologue. Cette rencontre vise à réaffirmer la volonté de redynamiser les échanges entre les deux capitales, Paris et Alger.
Ce dimanche 6 avril, Jean-Noël Barrot se rend officiellement à Alger. Le ministre des Affaires étrangères français a pour mission de concrétiser auprès de son homologue algérien l’élan initié au début de la semaine dernière par les chefs d’État français et algérien lors d’un long échange téléphonique suivi d’un communiqué conjoint. Après huit mois de tensions, les deux leaders ont exprimé leur volonté de renouer un dialogue constructif et de redonner un nouveau souffle aux relations bilatérales. Il s’agit désormais de rendre cette relance tangible.
Le but de la visite de Jean-Noël Barrot à Alger est d’exploiter cette « réouverture de l’espace diplomatique » opérée par les deux présidents afin de résoudre la crise. Les relations entre Paris et Alger se sont fortement détériorées depuis l’année dernière, précisément en juillet, quand Emmanuel Macron a soutenu une proposition d’autonomie pour le Sahara occidental sous administration marocaine. Cette prise de position a suscité la colère de l’Algérie, qui a rappelé son ambassadeur.
Élaborer une stratégie pour sortir de la crise
Depuis cet incident, les tensions se sont accumulées, notamment sur la question de l’immigration : l’Algérie a refusé le retour d’un influenceur algérien renvoyé par la France, et ne souhaite pas accueillir ses citoyens sous le coup d’une décision de quitter le territoire français. Le point culminant a été atteint avec l’attentat à Mulhouse en février dernier, qui a coûté la vie à une personne. Cet acte était imputable à un Algérien sujet à plusieurs demandes de réadmission.
Pendant son déplacement à Alger, Jean-Noël Barrot doit tenter de mettre en place une stratégie pour sortir de la crise. Il s’agit de relancer la collaboration dans tous les secteurs : juridique, sécuritaire, économique, mémoriel… La tâche est ardue, compte tenu des divisions profondes. La plus récente est la condamnation à cinq ans de prison, le 27 mars dernier, de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.
Rétablir le dialogue inter-administrations
Emmanuel Macron sollicite son homologue Abdelmadjid Tebboune pour un geste de clémence et d’humanité envers Boualem Sansal, évoquant une possible grâce présidentielle. Le dimanche, le ministre des Affaires étrangères doit s’employer à rétablir le dialogue entre les différentes administrations et à s’accorder sur un processus et des échéances.
D’autres responsables gouvernementaux devraient aussi se rendre prochainement en Algérie, notamment le ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Évidemment, il faudra du temps pour surmonter tous ces obstacles. Mais une crise persistante entre Paris et Alger ne serait avantageuse pour aucune des parties, confie un diplomate. En France, un habitant sur dix a un lien, direct ou indirect, avec l’Algérie.