Parmi les grandes priorités de François Bayrou, on trouve notamment le budget. Une autre priorité à laquelle il tient particulièrement sera bientôt mise en avant par le gouvernement ; toutefois, les détails du projet ne sont pas encore complètement établis.
Mardi 15 avril, le chef du gouvernement, François Bayrou, a assuré qu’il apporterait des « solutions efficaces, immédiates, concrètes ». Lors de son intervention sur les questions financières, il a confié à ses ministres avoir des « propositions particulièrement innovantes » pour résoudre le problème des déserts médicaux, bien que le contenu de ces propositions demeure flou. Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, est en pleine effervescence en coulisses, prenant contact avec les différents intervenants tout au long du mois d’avril. Ce travail préparatoire précède l’annonce du plan envisagé pour le 25 de ce mois.
Yannick Neuder entend promouvoir des reformes déjà envisagées : notamment l’abolition du numerus clausus en faveur d’un « numerus apertus », qu’il juge encore « trop restrictif » pour absorber davantage d’étudiants dès la deuxième année de médecine. Cette mesure centrale provient d’une proposition de loi initiée par Neuder lui-même lorsqu’il était encore député. Bien qu’adopté par l’Assemblée, le Sénat n’a pas encore examiné ce texte.
Recrutement des médecins à l’étranger, intégrations facilitées, et reconnaissance des Padhue
Parmi les solutions envisagées, il y a celle de rapatrier les étudiants français formés hors de nos frontières, en leur ouvrant plus facilement des portes vers le système médical national. Par des ajustements réglementaires, le ministre envisage de régulariser davantage les Padhue, ces médecins étrangers déjà présents dans nos établissements hospitaliers et jusqu’ici soumis à un concours. Ce dernier pourrait être remplacé par un simple examen ou un avis du chef de service.
Neuder compte également donner vie à l’idée des « docteurs juniors », ces internes qui rajouteraient une quatrième année de médecine générale, destinée en priorité aux régions sous-dotées en médecins. Bien qu’approuvée, la mise en application par décret est en attente, en partie due aux nombreux changements à la tête du ministère de la Santé depuis l’an dernier.
Refus de restreindre l’installation géographique des médecins
A contrario, le ministre oppose un refus catégorique à toute idée de contrainte concernant l’installation géographique des praticiens. Il estime que cela n’est « pas la bonne solution ». Cette position le met en désaccord avec une proposition de loi promue par 250 députés de presque tous bords politiques. Cette législation, connue sous le nom de loi Garot, cherche à soumettre l’implantation des médecins libéraux à l’autorisation des Agences régionales de santé. Cela faciliterait l’installation dans les zones sous-dotées, mais imposeraient d’attendre le départ d’un praticien dans les zones surpeuplées.
Cette proposition a rencontré une opposition farouche de la part des syndicats médicaux et des étudiants qui dénoncent une atteinte à leur liberté professionnelle. Une grève est d’ailleurs prévue pour le 28 avril. Malgré cela, les députés ont voté en faveur de la mesure et expriment leur frustration : « Le gouvernement devrait s’appuyer sur notre expertise au lieu de démanteler ce que nous construisons ensemble », clame un des élus à l’origine de cette initiative. Un autre député, très critique et pourtant issu du bloc majoritaire, ajoute : « Avec cette administration, les décisions en matière de santé sont incohérentes et chaotiques ».