Actuellement, les femmes constituent 36% des élus à l’Assemblée nationale. Cependant, Mariette Sineau, directrice de recherche honoraire à Sciences Po, souligne sur 42mag.fr que de nombreux défis persistent pour qu’elles accèdent véritablement aux postes de pouvoir.
Les Françaises aux Urnes : Une Première Historique
Le 29 avril 1945 marque une date clé dans l’histoire française : c’est le jour où, pour la première fois, les femmes françaises participent aux élections municipales. L’année précédente, le gouvernement provisoire avait entériné par ordonnance le droit de vote pour les femmes, leur permettant également de se présenter à des élections. Lors des élections législatives d’octobre 1945, 33 femmes sont élues et intègrent la Chambre des députés. À cette époque, elles ne représentent que moins de 6% des parlementaires. De nos jours, elles constituent environ 36% de cette assemblée.
Ce chiffre témoigne de l’évolution de la place des femmes dans la sphère politique, même si des obstacles subsistent. Selon Mariette Sineau, chercheuse renommée, "la politique française ne reconnaît pas encore pleinement la légitimité des femmes à détenir le pouvoir."
L’accueil des Femmes Élus en 1945
La première apparition des femmes dans l’Assemblée nationale en 1945 est un événement marquant. La France a été l’une des dernières nations d’Europe à accorder des droits politiques à ses citoyennes. Cette étape constituait donc une réparation symbolique de cet oubli, en hommage également à leur participation à la Résistance. Les femmes sont chaleureusement accueillies à la Chambre des députés et se voient attribuer des postes de vice-présidence, signifiant une volonté de leur rendre justice.
Lors des législatives de novembre 1946, durant la IVe République, les femmes représentent plus de 6% des élus, grâce notamment à un scrutin proportionnel favorable à leur intégration.
La Régression sous la Ve République
Cependant, avec l’instauration de la Ve République en 1958, la proportion de femmes députées chute à moins de 2% jusqu’à 1978, et reste en dessous de 10% jusqu’en 1997. En cause, le passage à un scrutin uninominal majoritaire qui favorise largement les notables en place, souvent des hommes jouissant de multiples mandats. Les femmes, novices en politique, se heurtent donc à un environnement peu propice.
L’Impact des Lois sur la Parité
L’adoption en 2000 par la gauche d’une loi sur la parité a provoqué des changements, bien que variables selon le type de scrutin. En proportionnelle de liste, la parité est obligatoire via une alternance stricte homme-femme. Pour les législatives, la parité est incitative, avec des pénalités financières pour les partis qui ne respectent pas un quota de 48% de candidates. En dépit de lois renforcées en 2014, certains partis choisissent de payer les amendes plutôt que de promouvoir des candidates féminines.
Par ailleurs, si la parité est atteinte dans beaucoup d’assemblées élues à la proportionnelle, les ramifications de cette législation restent limitées aux niveaux des présidences d’exécutifs locaux qui sont rarement occupées par des femmes.
Les Obstacles à une Représentation Équitable
Malgré une opinion publique favorable à l’accès des femmes aux plus hautes fonctions, les partis politiques restent souvent enclins à privilégier des candidats masculins, plus sûrs de l’emporter grâce à leur expérience et leurs ressources politiques. Au-delà de ces considérations, les préjugés sexistes persistent, comme le prouve l’accueil réservé à Ségolène Royal lors de sa candidature à la présidentielle de 2007.
La France affiche ainsi un contexte historique où, de la monarchie à la Révolution, les femmes ont été absentes de la sphère politique, et des mentalités encore perceptibles aujourd’hui.
Un Imaginaire Politique Encore Réfractaire
L’héritage de la Ve République et de l’imaginaire gaullien, où les femmes n’ont pas de légitimité politique, perdure. Cette République, caractérisée par un régime présidentialiste, est dominée par une vision d’un pouvoir concentré, historiquement masculin. La décrue de la proportion de femmes parlementaires entre 2017 et 2024 interroge et accentue la singularité française en Europe.
Perspectives d’Avenir
Bien que deux femmes aient accédé à Matignon en 1991 avec Édith Cresson et plus récemment avec Élisabeth Borne, la dynamique semble plus engagée, laissant présager une perspective où ce phénomène devient moins exceptionnel. Cependant, la composition majoritairement masculine des cabinets présidant l’exécutif illustre le chemin encore à parcourir pour une réelle égalité des sexes en politique. Pour un changement durable, les femmes doivent conquérir plus de postes décisionnels au sein des partis et institutions, continuant ainsi à réduire l’écart avec leurs homologues masculins.