Mardi, l’organisation non gouvernementale dévoile son tout premier indice concernant la présence des femmes au sommet du pouvoir. Selon ses estimations, les femmes occupent « moins d’un tiers des postes les plus influents » dans le pays.
Il y a 80 ans, le 29 avril 1945, les Françaises se rendaient pour la première fois aux urnes, un an après l’ordonnance leur ayant accordé le droit de vote et l’éligibilité. Où en est-on aujourd’hui avec l’intégration des femmes en politique en 2025 ? « Le bilan est encore insatisfaisant », affirme Oxfam, qui publie ce mardi 29 avril, « le premier index de la féminisation du pouvoir ».
Selon l’ONG, les femmes occupent « moins d’un tiers (28%) des postes les plus élevés en France, encore éloigné de la parité et de l’accès égal aux fonctions de pouvoir ». Dans la sphère exécutive, Oxfam remarque que depuis la Ve République, seules deux femmes ont dirigé le gouvernement : Édith Cresson (de mai 1991 à avril 1992) et Élisabeth Borne (de mai 2022 à janvier 2024), soit seulement 3,8% du temps.
Quant au parlement, la parité reste un objectif non atteint, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Le pourcentage de femmes députées a même légèrement chuté lors des dernières législatives, passant de 38,8% en 2017 à 36% en 2024. Aucun groupe parlementaire n’atteint la parité, selon Oxfam. Le groupe des écologistes se distingue tout de même avec 47% de femmes à l’Assemblée, suivi par les macronistes d’Ensemble pour la République (43%) et La France insoumise (41%), tandis que le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires est à la traîne avec 17%. Cependant, les bureaux des deux chambres sont plus féminisés (59% à l’Assemblée nationale et 46% au Sénat).
La prédominance masculine dans le pouvoir local
En France, les postes de pouvoir local sont encore principalement masculins, selon Oxfam, « avec 20,8% de femmes maires, 21,8% de présidentes de départements et 29,4% de présidentes de régions ». Les autres centres de pouvoir, tels que les grands corps de l’État, les préfectures et les ambassades, sont également dominés par des hommes. En 2025, environ un tiers des ambassades françaises étaient dirigées par des femmes, estime Oxfam. Les plus hautes juridictions, comme la Cour de cassation, le Conseil d’État ou le Conseil constitutionnel, sont aussi dirigées par des hommes.
Face à cette réalité, l’ONG appelle à « un nouvel élan pour la parité et la féminisation du pouvoir », notamment en modifiant les systèmes électoraux afin de « forcer la parité », comme cela se fait pour les listes françaises au Parlement européen. Oxfam propose également que les règles de financement des partis politiques exigent que leurs directions et commissions d’investiture soient paritaires. De plus, elle souhaite « quintupler » les sanctions actuelles contre les partis non conformes.
Oxfam signale que la France n’est pas un cas unique au niveau mondial. Selon les dernières données de l’Union interparlementaire (UIP) et ONU Femmes, il n’y a que 11,9% de femmes chefs d’État et 8,3% de femmes chefs de gouvernement dans le monde. Par ailleurs, les femmes ne représentent que 22,9% des ministres et 27,2% des parlementaires à l’échelle mondiale.