Les déclarations récentes du Premier ministre ont provoqué de l’inquiétude parmi certains députés centristes ainsi que parmi plusieurs membres de son cabinet ministériel.
Est-ce que cela pourrait servir à alléger une semaine tendue pour le chef du gouvernement ? François Bayrou participe à la réunion de Renaissance ce dimanche 6 avril, qui coïncide avec la manifestation de l’extrême droite en faveur de Marine Le Pen et la contre-manifestation organisée par les forces de gauche.
Le Premier ministre rentrera à Paris après avoir passé du temps à Pau, une destination régulière de ses week-ends. Il vient de traverser une semaine difficile, s’attirant des critiques de son propre camp pour ses commentaires sur le jugement de Marine Le Pen, qui ont encore fragilisé la cohésion au sein du bloc central.
C’était l’élément supplémentaire qui a fait déborder la coupe : le Premier ministre s’est dit « perturbé » par le jugement concernant Marine Le Pen et s’est questionné sur l’application immédiate de son inéligibilité. « Personne n’a applaudi », rapporte un député Renaissance. Un cadre du parti estime que le Premier ministre n’est « pas à la hauteur du moment » et parle d’un « malaise au sein du bloc central ». Qu’un Premier ministre parle « en tant que citoyen », voilà qui est jugé « inconcevable » par un élu d’Horizons, qui se dit las de son « comportement désinvolte ». Selon lui, « les choses ne sont jamais claires avec Bayrou ».
– « Atteindra-t-il l’autre bout de la piscine avant de couler ? » – « L’iceberg est tout proche. »
Des jeunes élus du bloc central se moquent des positions de François Bayrouvia SMS
Un parlementaire proche de Macron critique particulièrement le manque de clarté du Premier ministre sur des sujets comme le port du voile dans le sport : « Il ne prend jamais de position claire sur un sujet, il n’a pas de véritables convictions. » Beaucoup au sein du bloc central déplorent cette absence d’initiatives « on n’a presque pas de propositions de lois » ou de positions nettes du gouvernement. « Je me demande s’il a réellement saisi la nature de ses responsabilités », fustige un élu Horizons qui enchaîne « les déceptions et les surprises incompréhensibles ».
Des questions parmi ses ministres
Même au sein du gouvernement, les ministres manifestent de plus en plus ouvertement leurs interrogations. Éprouvée par le besoin de décoder les déclarations de François Bayrou, une ministre préfère esquiver le sujet : « C’est son style, la ‘Bayrou Touch’, c’est souvent vague ! » Une impression d’une gestion au jour le jour, ressentie quand le Premier ministre a proposé un débat sur « Qu’est-ce qu’être français ? » « Je lui ai demandé ce qu’il entendait par là, aucune réponse ! » Un autre ministre a du mal à digérer sa remarque sur l’âge de la retraite à 62 ans : « Il aurait vraiment pu s’abstenir de donner son avis. »
Les proches du chef béarnais le défendent. « Le Premier ministre est honnête et sincère », affirme un allié, qui regrette que l’on s’en serve « pour l’affaiblir ». Un autre membre de son entourage évoque « des maladresses dans la communication » d’un dirigeant qui a toujours eu « le goût pour le débat sans fin ». Pour excuser le manque d’initiatives, cet élu met en lumière le contexte politique : « François n’est pas à la tête d’une majorité solide, il doit composer avec les humeurs de Laurent Wauquiez et de Gabriel Attal, ainsi que l’absence de partenaires à gauche, il avance sur la pointe des pieds ! »