Début février, François Bayrou avait exprimé son intention de donner le coup d’envoi, en pleine discussion sur le droit du sol. Cependant, depuis ce moment, peu de choses ont évolué.
Il y a deux semaines, le Premier ministre a proposé que le Conseil économique, social et environnemental (CESE) organise un débat national sur le thème de la nationalité. L’idée était de créer une série de discussions régionales pour explorer la question posée deux mois auparavant : « Qu’est-ce que cela signifie d’être Français ? »
François Bayrou, s’interrogeant sur l’engagement des nouveaux arrivants et des enfants nés sur le sol français, se demande : « À quel projet adhèrent-ils et en quoi partageons-nous ce projet avec eux ? » Il envisageait de structurer le débat autour des valeurs Liberté, Égalité, Fraternité, tout en ajoutant la Laïcité à cette trilogie.
Pourtant, le CESE n’a pas encore amorcé ce débat. Thierry Beaudet, le président, reste prudent et craint que ces discussions ne soient « détournées par des préoccupations identitaires » ou utilisées pour promouvoir des « idéologies xénophobes ». Le Conseil garde en mémoire le débat controversé sur l’identité nationale initié par Nicolas Sarkozy en 2009. Pour eux, être Français, c’est aussi l’accès à la protection sociale, aux services publics, et la liberté d’expression. Le CESE attend un document du Premier ministre pour définir le cadre des discussions. Cependant, depuis l’annonce il y a deux semaines, aucun développement n’a été communiqué par Matignon, bien que l’entourage du Premier ministre assure que « le processus progresse ».
La question de l’aboutissement du débat reste également posée. Quel en serait le résultat concret ? Faut-il compiler les avis des Français, proposer des actions, voire envisager de légiférer ? Les membres du CESE insistent : « Nous voulons savoir quel en sera l’usage par le gouvernement, ce ne doit pas être une simple tâche pour occuper le temps. »
Des réflexions en cours sur d’autres thèmes
En parallèle, le Conseil économique et social poursuit ses engagements sur d’autres sujets commandés par Matignon, moins complexes, tels que l’éducation, la santé, et les mobilités. Bien que ce ne soit pas sous forme de grand débat, le CESE compile une synthèse des travaux déjà réalisés dans ces secteurs. Une analyse plus approfondie vient d’être lancée, portant sur le financement de notre modèle social, processus qui s’étendra sur une année entière.
Par ailleurs, une initiative peu médiatisée est en cours, une sorte de mini-convention citoyenne adressée à la santé mentale des jeunes. Elle réunit une vingtaine d’adolescents âgés de 12 à 18 ans, représentatifs de la diversité française, issus de différents milieux et régions. Ces jeunes ont consacré trois jours à formuler le sujet et à identifier trois axes principaux où ils souhaitent apporter des suggestions : le système éducatif, l’environnement personnel, et l’impact du regard des autres. Ils se retrouveront à nouveau en mai pour travailler sur un rapport attendu à l’automne.