Tout conducteur craint cette situation : brusquement, des lumières s’illuminent sur le tableau de bord de sa voiture! Alors, comment peut-on s’assurer de ne pas se faire arnaquer par un mécanicien ? Comment vérifier que les frais sont légitimes ? Pour le programme de l’Œil du 20h, nous avons pris l’initiative de vérifier ce qu’il en est réellement en simulant des pannes.
Il y a quelque temps, à Caudry, située dans le nord de la France, une conductrice s’est rendue chez un garagiste, perturbée par un bruit inhabituel de son véhicule. Après avoir examiné la voiture, le garagiste lui suggère plusieurs réparations dont le coût totalise 950 euros. Cependant, le bruit ne disparaît pas. Elle décide alors de se tourner vers un autre garage. Ce second garagiste lui révèle que les interventions facturées par le premier n’ont pas réellement été faites.
“Ce nouveau garage me précise que le pot d’échappement n’a pas été remplacé, que les biellettes de barre stabilisatrice sont inadaptées à ma voiture, et que je possède même une pièce d’Audi sur ma Fiat 500. Cela s’explique par le fait que je suis jeune et une femme, ce qui a permis au premier garagiste de m’embobiner et ça a marché.”, confie la conductrice, visiblement déçue. En demandant des éclaircissements au premier garagiste, ce dernier maintient avoir effectué les réparations mais refuse de fournir une facture détaillée. Agacée par cette situation, elle dépose une plainte pour escroquerie.
Le secteur de la maintenance automobile en pleine expansion
En France, le marché de la maintenance et des réparations automobiles ne cesse de se développer, avec un chiffre d’affaires atteignant environ 21 milliards d’euros. Cette expansion soulève des questions concernant les abus dans ce domaine. Pour y voir plus clair, nous avons réalisé une petite enquête.
Notre équipe a conduit une voiture ayant deux voyants allumés sur le tableau de bord dans plusieurs garages. Pour commencer, nous visitons un atelier qui accepte de réaliser le contrôle sous l’œil de nos caméras. Après avoir examiné la voiture, le mécanicien nous assure que les voyants ne sont pas alarmants, et que seule une vidange est nécessaire. Il se propose tout de même d’inspecter la voiture en profondeur avant de créer un premier devis s’élevant à 133 euros.
Des devis gonflés, filmés en caméra cachée
Nous nous rendons ensuite dans un autre garage, cette fois-ci en utilisant une caméra cachée. Dans ce cas, le garagiste prétend qu’un remplacement de la batterie est nécessaire, et cela nous coûterait 590 euros, un montant quatre fois supérieur au devis initial. Après vérification dans le carnet d’entretien et de nouveaux tests, il s’avère que la batterie était en bon état et ne nécessitait pas de remplacement.
Dans un troisième garage, lorsque le garagiste aperçoit les voyants, il diagnostique une panne de l’alternateur, ce qui pourrait immobiliser le véhicule s’il tombait en panne. Il propose un devis de 630 euros pour remplacer l’alternateur et effectuer une vidange. Problème ? L’alternateur est en parfait état de fonctionnement, et le garagiste ne fournit aucun devis écrit, ce qui est illégal.
Des irrégularités détectées dans trois quarts des garages contrôlés
En 2024, presque trois quarts des ateliers automobiles inspectés par la direction de la répression des fraudes présentent des irrégularités. Celles-ci vont de simples erreurs d’affichage à des pratiques plus graves. Cependant, la Fédération Nationale de l’Automobile tient à relativiser ce chiffre : « Il est important de comprendre que sur les 170 000 garages du secteur en France, seuls 1581 ont été contrôlés. Des abus existent certes, mais ils ne sont pas généralisés. », explique Bruno Choix, vice-président de la fédération. D’après la législation, un devis est obligatoire pour toute réparation dépassant les 200 euros. En cas de fraude avérée, des sanctions peuvent aller jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 euros.