Les affaires délicates que gère le ministre des Outre-mer, ainsi que son comportement, réduisent au silence ses détracteurs de longue date.
Il suffisait que le nom de Manuel Valls soit évoqué pour susciter sourires en coin et quolibets parmi ses anciens collègues socialistes. Pendant plusieurs années, il a été traité de traître par excellence, surtout après avoir soutenu Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2017, au lieu de Benoît Hamon, le candidat socialiste. Cependant, le temps a passé et des voix dans les coulisses socialistes commencent à dire du bien de lui. Cette évolution est en soi un événement ! Juste avant son intégration au gouvernement de François Bayrou, plusieurs personnalités de gauche s’en donnaient à cœur joie pour le dépeindre comme un opportuniste, prêt à saisir toute occasion pour revenir sur le devant de la scène politique.
Ceci fut avant qu’il ne prenne les rênes d’un ministère aussi crucial que celui des Outre-mer. Que ce soit Mayotte, où il est attendu le lundi 21 avril avec le président de la République, la Nouvelle-Calédonie, ou les Antilles, ces territoires englobent de nombreuses problématiques délicates : insécurité, coûts de la vie exorbitants, trafic de stupéfiants, mauvaises conditions d’hygiène… « Manuel Valls n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour les Outre-mer », admet prudemment auprès de 42mag.fr un socialiste influent.
Un retour à la « modestie », selon un parlementaire
Certains de ses anciens collègues le jugent à la hauteur de ses responsabilités, comme ce député PS qui, par le passé, n’avait pas été tendre avec lui. Aujourd’hui, il lui accorde même une « modestie qu’il n’affichait pas auparavant, une retenue, il prend au sérieux les dossiers qu’il traite, il ne fait plus étalage de son assurance après avoir traversé des temps difficiles » – allusion à sa période hors du jeu politique après ses défaites aux municipales et législatives à Barcelone. « Il se concentre sur sa mission actuelle et ça lui réussit », conclut-il.
Chez Manuel Valls, on estime également que ces « dossiers très complexes » atténuent quelque peu les critiques. D’autant plus que de nombreux élus locaux avec lesquels il collabore appartiennent à la gauche. Lors de conversations privées, le ministre admet qu’il maintient des contacts avec des députés socialistes, tels que François Hollande, Aurélien Rousseau ou Jérôme Guedj. Cela s’inscrit dans une logique pragmatique selon lui : « Les questions des Outre-mer sont abordées dans toutes les commissions, nous sommes dans l’obligation de travailler tous ensemble ».