En février 2023, grâce à une campagne d’influence orchestrée au sommet de l’État, l’entreprise a réussi à convaincre le gouvernement de lui accorder une exception. Cette dérogation lui a permis d’employer dans ses usines des filtres qui sont normalement proscrits par la législation.
Alexis Kohler ne se présente pas au rendez-vous. Le secrétaire général de l’Élysée a décidé de ne pas répondre à l’invitation d’une commission d’enquête du Sénat concernant l’affaire des eaux embouteillées par Nestlé. Il a invoqué la « séparation des pouvoirs » comme raison à la veille de la date prévue pour son audition, a annoncé l’Élysée le lundi 7 avril. Cet intime collaborateur d’Emmanuel Macron, qui prévoit de quitter bientôt ses fonctions, devait rencontrer les sénateurs le mardi après-midi. Cette commission avait été mise en place en novembre après les révélations de la cellule d’investigation de Radio France et du journal Le Monde sur des pratiques potentiellement illégales concernant des eaux minérales.
Des nouveaux échanges publiés par le Sénat ont confirmé des contacts étroits entre l’homme de confiance d’Emmanuel Macron et les dirigeants de Nestlé. « Monsieur le secrétaire général, il semble que la présidence ait été sollicitée à plusieurs reprises par le groupe Nestlé, (…) que vous vous êtes occupé d’une partie du dossier » et « facilité les échanges avec Nestlé au sein des administrations, » avait déclaré à la fin du mois de mars Laurent Burgoa, sénateur LR du Gard et président de la commission d’enquête.
Un précédent refus face à l’Assemblée
Selon les révélations de la cellule investigation de Radio France et du journal Le Monde, ce lobbying de haut niveau au sein de l’État, initié en 2021, a permis à Nestlé d’obtenir, en février 2023, une autorisation gouvernementale pour utiliser des filtres interdits dans ses installations, contournant ainsi la loi.
Ce n’est pas la première fois qu’Alexis Kohler refuse de se soumettre à une audition parlementaire. En février déjà, il avait fait de même avec la commission des finances de l’Assemblée nationale, qui scrute les dérives des finances de l’État. Cette commission des finances avait même donné son accord pour d’éventuelles actions judiciaires.