En septembre 2026, Marine Le Pen a envisagé la possibilité de transmettre la direction à Jordan Bardella, dans l’éventualité où sa condamnation serait maintenue lors de l’appel avant l’élection présidentielle. Cette annonce a semé le doute parmi ses partisans les plus fidèles.
Avec l’entrée dans la période de pause parlementaire, bienvenue depuis une semaine, le Rassemblement national respire un peu. Cela arrive à point nommé après que Marine Le Pen a été condamnée à une inéligibilité de cinq ans. Cette trêve pourrait offrir aux députés d’extrême droite l’occasion de synchroniser leurs positions, car ces derniers temps, un certain désordre règne au sein du RN concernant la succession de Marine Le Pen pour les élections présidentielles.
Il faut dire qu’une certaine confusion règne parmi les députés « marinistes », qui soutiennent fermement leur leader. Ces mêmes députés ont d’ailleurs reçu pour consigne de minimiser la condamnation de Marine Le Pen, en répétant sur tous les plateaux médiatiques qu’il n’était pas question de plan B et que Marine Le Pen allait bien être candidate en 2027.
Cependant, le lundi 14 avril, ils ont découvert par voie de presse que la triple candidate à la présidentielle envisageait de céder sa place à Jordan Bardella en septembre 2026, si sa condamnation était maintenue en appel. Elle a d’ailleurs jugé « irresponsable » de prolonger la situation, selon une déclaration qu’elle a faite au journal Le Figaro.
Un message mal interprété
L’un de ses proches collaborateurs a réagi sans détour : « C’est une erreur d’évoquer cela maintenant… En parler signifie qu’on pourrait se passer de Marine Le Pen, ce qui envoie un signal négatif. » Ce changement stratégique a-t-il fait l’objet d’une discussion lors d’une réunion interne ? Un membre influent du RN constate, mordant, qu’il « n’existe pas de réunions stratégiques dans ce parti. Et pas de véritable stratégie non plus, en fait. »
Il semble d’ailleurs que la question de la censure ne soit pas plus organisée. Certains, comme le député Jean-Philippe Tanguy, pressentent l’opportunité d’utiliser ce levier au plus vite, soulignant que de nombreux sujets s’accumulent récemment. D’autres, comme un parlementaire du sud de la France, demeurent sceptiques : « Pas pour l’instant. Je ne ressens pas ce moment opportun pour la censure. Peut-être lors du vote du budget à l’automne, mais pour le moment, aucun intérêt.»
Au milieu de ces divergences, Marine Le Pen garde ses cartes serrées sur ses intentions. Elle affirme simplement que sa décision de provoquer une chute du gouvernement ne sera jamais influencée par ses démêlés judiciaires. Va-t-elle réellement chercher à renverser le gouvernement prochainement ? Un stratège du parti résume ainsi sa façon de penser : « Marine dit toujours que la politique est l’art de saisir l’instant. Elle n’anticipe pas. Donc, fidèle à son habitude, la décision se prendra à la dernière minute. »