Le titulaire du poste de ministre de l’Intérieur a gagné le scrutin organisé au sein du parti Les Républicains, obtenant 74,3 % des suffrages, face à son rival Laurent Wauquiez.
Il y a encore quelques mois, Bruno Retailleau déambulait sur la moquette rouge des couloirs du Sénat, où il menait la délégation des Républicains pendant une décennie. Aujourd’hui, c’est sur un véritable tapis rouge qu’il évolue à droite, devenu en moins d’un an une figure incontournable au sein de sa famille politique. À tel point qu’après sa victoire sur Laurent Wauquiez, dimanche 18 mai, il a choisi de prévenir en premier Nicolas Sarkozy, selon 42mag.fr. Cet homme discret de 64 ans, originaire de Vendée, est désormais la voix emblématique des Républicains dans les gouvernements où Michel Barnier puis François Bayrou lui ont donné une place centrale.
Son influence s’est considérablement accrue en seulement trois ans. Après avoir perdu la même élection en 2022 face à Éric Ciotti, qui a ensuite apporté son soutien au Rassemblement national, l’ancien sénateur était encore perçu comme un homme de l’ombre. Il évoluait longtemps dans les coulisses, accompagnant les trajectoires d’autres leaders, à l’image de celle, éphémère, de François Fillon à l’élection présidentielle de 2017. Bien plus tôt encore, il suivait les pas de son ancien mentor vendéen, Philippe de Villiers, aujourd’hui éloigné politiquement, et pour qui il avait initialement œuvré au sein du « Mouvement pour la France ». C’est d’ailleurs ce dernier qui lui avait offert ses premiers tremplins, entre symboles et terrains équestres, puisque Bruno Retailleau était adolescent cavalier dans le domaine du Puy du Fou.
Une loyauté enfin reconnue
Son succès actuel découle évidemment de son intégration au sein du gouvernement. Considéré par ses proches comme un homme « travailleur », « médiateur » et « agréable », Bruno Retailleau est parvenu à faire passer sa marque, confie un sénateur influent, notamment dans les ministères de l’Intérieur où, ex-président de la région Pays de la Loire, il adopte une ligne ferme sur les questions de sécurité et d’immigration. « Il est parvenu à redonner confiance à nos militants quant à la victoire », se réjouit une responsable du parti. Mais, à l’intérieur des Républicains, plusieurs cadres estiment que ce qui lui vaut cette reconnaissance est surtout sa fidélité. Pendant toutes ces années passées dans un rôle secondaire, loin des projecteurs, ce fervent opposant au mariage pour tous et à l’abolition des thérapies de conversion a toujours soutenu ses pairs lorsque le parti traversait des crises. Valérie Pécresse, notamment, garde en mémoire son soutien sans faille lors de la campagne présidentielle de 2022, une période où beaucoup de ses alliés à droite la tournaient en dérision ou la délaissaient.
La question se pose désormais : pourra-t-il conserver son poste ministériel ? Refus catégorique de démissionner de la Place Beauvau, il l’a réaffirmé après son élection. Mais comment concilier son opposition au macronisme avec son rôle actif dans l’exécutif ? Ce dilemme est d’autant plus complexe qu’il caresse l’idée de se lancer dans la course à la présidence. À droite, certains suivent ses faits et gestes avec la plus grande attention, prêts à évaluer ses ambitions et limites.