Alors que la France marquait la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, des mouvements pour l’indépendance éclataient en Algérie. Ces manifestations ont été brutalement dispersées par les forces coloniales, entraînant la mort de milliers de personnes.
Une douzaine de députés français de gauche ont rendu hommage, ce samedi 10 mai à Sétif (Algérie), aux répressions violentes menées par la France contre les manifestations indépendantistes du 8 mai 1945, d’après un correspondant de l’AFP. « Nous sommes un groupe d’élus impliqués dans les questions de mémoire et la reconnaissance des massacres du 8 mai 1945. Nous avons sollicité le président Macron pour qu’il admette que c’est un crime d’État », a expliqué Sabrina Sebaihi, députée affiliée à Europe Écologie les Verts.
Accompagnée d’autres représentants, la parlementaire a déposé une gerbe de fleurs en hommage au premier martyr de ces rassemblements pacifiques, Saâl Bouzid. Ce militant anticolonialiste fut abattu par la police coloniale française alors qu’il portait un drapeau algérien. « C’est profondément émouvant » d’être à Sétif, a souligné Danielle Simonnet, une députée de gauche, ajoutant « qu’il est impératif que la France reconnaisse la nature de ces massacres, à savoir des crimes d’État ».
Le 8 mai 1945, pendant que la France célébrait la défaite du nazisme, des manifestations en faveur de l’indépendance se sont déroulées à Sétif, Guelma et Kherrata, situées dans l’est de l’Algérie. Les nationalistes, processionnant, ont été confrontés à une répression par les autorités coloniales, entraînant des milliers de décès : 45 000 selon les Algériens, face à un chiffre situé entre 1 500 et 20 000 selon le côté français. D’après le député algérien Toufik Khadim, « la France officielle se doit de reconnaître les crimes qu’elle a commis et sa responsabilité dans ces massacres ».
Un rassemblement organisé jeudi à Sétif
De nombreux résidents de Sétif se sont rassemblés pour observer les députés français déposer un hommage floral. Le long de la rue où Saâl Bouzid est tombé, des drapeaux algériens flottaient à profusion et des chants patriotiques résonnaient via des haut-parleurs.
Jeudi, des milliers d’Algériens ont défilé à Sétif pour demander que la France reconnaisse ses actes criminels en Algérie. Pour Sabrina Sebaihi, « seul le dialogue nous permettra de progresser sur l’ensemble de ces questions ».
Une sérieuse crise diplomatique sévit actuellement entre Alger et Paris, concernant plusieurs dossiers, dont l’expulsion de France de certains Algériens indésirables et la détention à Alger, depuis le mois de novembre, de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal.