Lors d’une intervention prononcée mardi devant un auditoire d’étudiants vietnamiens réunis à l’université de Hanoï, le président de la République française a exprimé des critiques envers les va-et-vient de Donald Trump concernant les droits de douane.
Lors de sa deuxième et ultime journée de visite officielle au Vietnam, Emmanuel Macron a profité de son séjour à Hanoï, mardi 27 mai, pour s’exprimer devant un auditoire d’étudiants vietnamiens à l’université locale, avant de s’envoler pour l’Indonésie. Dans un discours très détaillé, le président français a dressé un tableau global de la conjoncture géopolitique actuelle, tout en délivrant plusieurs messages politiques forts. Il a notamment souligné que la colère affichée par Donald Trump envers Vladimir Poutine devait impérativement se traduire par des mesures concrètes et des sanctions, accusant le chef du Kremlin de falsifier la vérité sur les perspectives de paix en Ukraine.
« L’imprévisibilité est redevenue la règle du jeu », a confié Emmanuel Macron à son jeune public. Il a précisé qu’il y a dix ans, il n’aurait pas eu l’opportunité de prononcer un tel discours, avant de citer plusieurs crises majeures : le conflit en Ukraine, la catastrophe humanitaire à Gaza, ainsi que la menace persistante d’un affrontement en mer de Chine méridionale. « C’est le monde dans lequel vous devez aujourd’hui vivre. Un univers profondément distinct de celui dans lequel j’ai grandi », a-t-il observé, en ajoutant : « Nous évoluons dans un contexte où, du fait notamment de la levée des inhibitions chez les grandes puissances, tout peut basculer à tout moment. »
« Des tarifs douaniers fluctuants en fonction de l’humeur du jour »
Ce constat explique l’engagement d’Emmanuel Macron à renforcer la présence de la France dans cette région du globe, en cherchant à en faire un acteur équilibrant les tensions et un partenaire fiable, au moment même où la guerre économique entre les États-Unis et la Chine fait rage. « Il y a deux décennies, dans votre région, la question cruciale était ‘comment respecter les règles fixées par l’Organisation mondiale du commerce ?’ Aujourd’hui, cette interrogation est dépassée car la première puissance économique mondiale choisit de ne plus s’y conformer », a insisté le président français. « Elle impose des droits de douane dont le taux varie d’un matin à l’autre. Actuellement, ils sont à 10 %, mais pour vous, cela pourrait grimper à 47 % dès demain, ou pour les Européens à 50 %. Et peut-être que le surlendemain, un autre chiffre sera appliqué. »
Un avertissement à peine voilé alors qu’Emmanuel Macron décollait, mardi soir, vers Jakarta, en Indonésie, une autre puissance émergente de la région Asie-Pacifique.