Le ministre de l’Intérieur manifeste une forte hostilité envers ce changement dans l’organisation des institutions, une position qu’il partage avec une grande partie des dirigeants de droite. Pendant ce temps, le chef du gouvernement continue d’engager des discussions et de mener ses échanges avec les différents acteurs concernés.
« Toutes les possibilités restent envisageables » : depuis Matignon, Bruno Retailleau, nouveau président des Républicains (LR) et ministre de l’Intérieur, n’a pas exclu lundi 2 juin la possibilité de quitter le gouvernement. Ce pilier de la droite refuse de « porter » devant le Parlement le projet de scrutin proportionnel, soutenu avec force par François Bayrou mais vivement critiqué par LR.
Un moment étonnant s’est déroulé dans la cour de Matignon : Laurent Wauquiez, chef des députés LR, est sorti « consterné » d’une réunion avec le Premier ministre, en compagnie de Bruno Retailleau – qui l’avait largement devancé lors du vote pour la présidence du parti – ainsi que de Mathieu Darnaud, le président des sénateurs LR. « Nous avons donc un pays où la dépense publique explose, avec des problèmes de sécurité et d’immigration auxquels Bruno Retailleau s’attaque, et des dysfonctionnements des services publics. Pourtant, la priorité du Premier ministre serait de changer les règles électorales », a fustigé Laurent Wauquiez.
Une réforme susceptible de déstabiliser la Ve République
Bruno Retailleau, ancien sénateur de Vendée, a réaffirmé son rejet « catégorique, total » de ce mode de scrutin. Selon lui, cette réforme « risquerait de bouleverser l’équilibre des institutions de la Ve République, qui repose sur une majorité stable pour un bon fonctionnement ». « Alors qu’il est urgent de prendre des décisions, instaurer la proportionnelle entraînerait, par son caractère ingouvernable, une forme d’inefficacité publique », a-t-il argumenté.
L’ancien Premier ministre Michel Barnier, qui s’est lui aussi montré opposé à la proportionnelle au micro de TF1, n’a pas hésité à conseiller à son successeur à Matignon de « se focaliser sur les enjeux cruciaux » comme la réduction de la dette publique, ainsi que sur « des mesures pour restaurer la sécurité aux frontières et dans les quartiers ».
Face à la recherche de 40 milliards d’euros d’économies, François Bayrou souhaite avancer simultanément sur ces deux fronts. Il a réaffirmé ses objectifs budgétaires dans une interview accordée au Figaro. « Ai-je conscience du risque maximal que cela représente ? Oui, mais il n’y a pas d’autre option (…) Je ne fuirai pas mes responsabilités », a déclaré le Premier ministre, qui fait face à la menace d’une motion de censure aussi bien sur le budget que sur les négociations entre partenaires sociaux autour de la réforme des retraites.