La célébration intitulée « Fête de la victoire », qui s’est tenue à Mormant-sur-Vernisson, a rassemblé plusieurs figures majeures de l’extrême droite à l’échelle européenne. Cet événement avait pour objectif de démontrer que Marine Le Pen bénéficie d’un soutien significatif au sein de l’Union européenne, réfutant ainsi l’idée qu’elle serait seule ou marginalisée sur la scène politique continentale.
Le lundi 9 juin, à Mormant-sur-Vernisson, dans le Loiret, les dirigeants des mouvements d’extrême droite européens se sont retrouvés pour commémorer la victoire du Rassemblement national lors des élections européennes, un an jour pour jour. Cette célébration faisait suite à une dissolution imprévue qui avait quelque peu éclipsé ce succès. Marine Le Pen et Jordan Bardella ont organisé ce rassemblement dans un champ situé à une dizaine de kilomètres de Montargis, en compagnie de leurs alliés.
Durant environ trois heures, plusieurs intervenants ont pris la parole, exposant sans filtre la radicalité des partenaires du RN à travers des discours fortement marqués par la xénophobie, l’islamophobie, et parfois même des thèses complotistes, avec un thème central : la souveraineté. Contrairement à la posture habituellement modérée adoptée par le RN, les alliés présents à la tribune n’ont pas fait preuve de retenue dans leurs allocutions.
Parmi les discours les plus virulents, celui de Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang, parti flamand, s’est fait remarquer : « Si j’ai bien saisi, chez vous au Rassemblement national, comme chez nous, on dit clairement aux étrangers : ‘adaptez-vous ou partez’, c’est bien ça ? ». À cela s’est ajouté le Premier ministre hongrois Viktor Orban, connu pour ses mesures liberticides, notamment à l’encontre de la communauté LGBT, qui a vivement critiqué les migrants, les accusant « de violer nos femmes et nos enfants ».
Dans le public, les applaudissements étaient mesurés. Un sympathisant local du RN, habitant du Loiret, a exprimé son désaccord : « Moi, je suis plutôt ouvert à tout, affirme-t-il. Je ne suis pas contre les homosexuels ni rien de ce genre, au contraire, chacun doit avoir la liberté de mener la vie qu’il souhaite. »
« En France, nous avons la chance de bénéficier d’un parti qui n’est pas extrémiste. Après, c’est à Marine Le Pen et Jordan Bardella de faire le tri. »
Un militant RN du Loiretinterviewé par 42mag.fr
Sur scène, Marine Le Pen et Jordan Bardella ont adopté un ton plus modéré. Le président du RN et député européen a choisi de concentrer ses attaques sur l’Union européenne plutôt que sur d’autres sujets. Il a déclaré : « Ce que nous représentons, mes amis, et je vous le dis avec fierté, c’est la renaissance d’une vraie Europe fidèle au projet du général de Gaulle. Une Europe qui défend les libertés, protège les démocraties, celle des bâtisseurs, des travailleurs, des entrepreneurs, des agriculteurs, une Europe maîtrisant ses frontières, ses langues et ses valeurs. »
Le procès de Marine Le Pen largement débattu
Ce rassemblement a également servi à apporter un soutien massif à Marine Le Pen. Plusieurs orateurs ont évoqué la condamnation de la dirigeante du RN à une peine d’inéligibilité, qui pourrait entraver sa candidature à l’élection présidentielle. Le chef du parti d’extrême droite flamand a lancé à la foule : « Ils s’en prennent à Marine parce qu’ils ont peur de vous, les citoyens courageux, l’establishment est paniqué. » De son côté, Matteo Salvini, dirigeant de la Lega et vice-président du Conseil italien, a suscité des acclamations en faisant scander son prénom, « Marine ! » par la foule, avant de faire référence à une situation similaire qu’il a vécue : « Nous avons connu cela aussi, en Italie, avec un procès où j’encourais jusqu’à six ans de prison. »
En somme, ce meeting organisé dans le Loiret visait à démontrer que Marine Le Pen ne bénéficie pas d’un isolement au sein de l’Union européenne, mais qu’elle bénéficie au contraire du soutien d’un réseau de partenaires européens, parfois bien plus extrémistes que le Rassemblement national lui-même.