Le chef de l’État brésilien est en France pour un séjour de quarante-huit heures. Durant cette visite, il cherchera à convaincre le président français d’appuyer l’accord de libre-échange conclu entre l’Union européenne et les nations latino-américaines membres du Mercosur. Toutefois, la capitale française exprime une opposition à ce traité.
« On attend du président [Emmanuel Macron] qu’il adopte une position ferme et claire, sans ambiguïté face au président Lula » a déclaré jeudi 5 juin sur France Inter Patrick Benezit, vice-président d’Interbev, l’interprofession regroupant les secteurs du bétail et des viandes, à l’occasion de la visite officielle en France du chef de l’État brésilien, prévue jeudi 5 et vendredi 6 juin. Ce dernier a, pour sa part, invité son homologue français Emmanuel Macron à « finaliser » l’accord de libre-échange entre le Mercosur et l’Union européenne, bien que Paris manifeste son opposition à sa version actuelle.
Le président Lula doit partager un déjeuner en tête-à-tête avec Emmanuel Macron. Cette visite se déroule dans un climat tendu, notamment à cause des droits de douane supplémentaires mis en place par Donald Trump. Au cœur d’un conflit commercial avec les États-Unis, Lula défend vigoureusement le Mercosur, ce pacte de libre-échange réunissant l’Union européenne et l’Argentine, le Brésil, l’Uruguay ainsi que le Paraguay. « Il est crucial que les autorités françaises, notamment le chef de l’État, soient très explicites car, rappelons-le, ce dernier détient un droit de veto. Cet accord requiert l’accord unanime de tous pour éviter la minorité de blocage », souligne Patrick Benezit.
Insister sur l’usage du droit de veto si nécessaire
Les représentants des filières agricoles martèlent qu’il est hors de question de sacrifier leurs secteurs au nom de conflits commerciaux. Les porte-paroles des filières bovine, avicole, céréalière et sucrière réclament une rencontre urgente avec Emmanuel Macron afin qu’il soutienne la constitution d’une minorité de blocage (quatre États membres doivent s’y opposer) ou, à défaut, qu’il exerce son droit de veto si la France ne parvient pas à bloquer l’accord.
« Il est rassurant de ne pas être isolés, puisque plusieurs pays européens refusent aussi cet accord. Dans ce contexte, si le chef de l’État a la possibilité de jouer son droit de veto, on attend de lui qu’il fasse preuve d’une grande fermeté et qu’il n’y ait aucune confusion, ni envers le président Lula, ni devant la Commission européenne », affirme le vice-président d’Interbev. « C’est à la Commission qu’il revient la responsabilité de mener cet accord à terme ou non, mais elle ne pourra pas avancer sans le soutien de la France. » Cette entente « officialiserait légalement un scandale qui met en péril le futur de notre agriculture, de notre élevage, la souveraineté alimentaire ainsi que le modèle agricole que nous souhaitons promouvoir à l’échelle européenne. »